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l'éternité plus un jour
15 mai 2011

DSK sort de piste avant d'y être entré

Le fin mot de cette rocambolesque histoire glauque, c'est qu'on ne saura jamais si Dominque Strauss-Kahn aurait été candidat aux primaires socialistes.

Avec l'affaire de la Porsche on avait déjà tout dit: "bourde", "écart de conduite", "faute majeure", "pêché originel". Les mots nous manquent pour qualifier celle du Sofitel de New-York. Sauf pour dire que quelqu'en soit l'issue avant longtemps que la vérité soit révêlée, les torts partagés et la justice rendue, Dominique Strauss-Kahn n'est plus compétitif pour la prochaine présidentielle. Le Directeur général du FMI est démonétisé à tel point qu'on peut se demander s'il ne l'aurait pas inconsciement cherché. A force d'être attendu comme le messie, il s'est peut-être rendu compte du niveau d'incertitude, d'ennuis et d'inconvénients devant lesquels sa femme, ses communicants, Martine Aubry et les socialistes avaient souhaité le placer. Dominique Strauss-Kahn n'aurait pas pu supporter d'être poussé ainsi à incarner autre chose que lui-même.

Attendu à Berlin aujourd'hui, à Bruxelles demain pour parler de sujets d'intérêt général, il s'est retrouvé hier dans un commissariat de Harlem pour se jusitifier sur une affaire personnelle. On ne joue pas ainsi impunément à être un autre. S'il voulait aller à la Présidentielle, pourquoi a-t-il tant attendu...pour ne rien dire de cette envie? Dominique Strauss-Kahn est finalement la victime totale d'un manque de spontanéité et d'un calcul ravageur enveloppés de papier de soie par une escouade de communicants de choc.

Paradoxalement, le Parti socialiste pourrait trouver dans cet épisode insensé la remise en cause profonde de sa stratégie fondée sur un sens étroit de la victoire en politique. Plus largement, les malheurs de son champion supposé pourrait offrir à la gauche la voie d'une recomposition sur des fondamentaux, à condition que son parti amiral change d'état d'esprit et de vision vis à vis de l'élection présidentielle.

Le Parti socialiste avait construit son plan de bataille à l'aune des sondages. Dans ces études d'opinion manipulatoires, elle n'a voulu voir que le moyen de gagner en s'aveuglant à leurs funestes prédictions. Après trois échecs successifs dont le mémorable 21 avril 2002, les socialistes veulent la victoire à tout prix. Inutile de mégotter sur le programme ou les alliances et plutôt s'en remettre au leadership d'un "candidat virtuel" quand bien même, depuis quatre ans, il demeure éloigné de la vie publique nationale,  silencieux sur tous les sujets de la société française et efficacement accaparé par les enjeux financiers de la mondialisation. Pour se convaincre de cette opportune manoeuvre, certains songeaient même à abandonner l'exercice calamiteux des primaires et voir tous les présidentiables se rassembler "derrière celui ou celle qui aura le plus de chances". On connait la suite avec l'effondrement de l'homme providentiel, passé en un jour du virtuel au fictif.

Dans cette configuration inédite qui s'ouvre sous leurs pieds, les socialistes seraient bien inspirés de revoir leur façon de faire et de placer au coeur de leur démarche le fonds d'un projet inspiré d'une réelle alternative à l'action du Président de la République. Ils devraient également en profiter pour tenter d'abandonner assez vite ce bal des égos qu'une Première secrétaire, bien élue en novembre 2008 au congrès de Reims et suffisamment vertébrée, auraient pu faire cesser en s'attribuant le rôle de "candidate naturelle". Nonobstant une recomposition du paysage politique français tentée par la triangulation que le Front national voudrait imposer, la gauche ferait bien de se reconstruire une identité et une unité. Pour une stratégie de second tour, l'illusion portée par Dominique Strauss-Kahn laissait croire que le Parti socialiste profiterait plus sûrement de la détestation de l'électorat modéré pour Nicolas Sarkozy. Comme Lionel Jospin en 2002, ses stratêges avaient sans doute oublié l'existence du premier tour.

Ces beaux échafaudages tactiques ayant fait long feu, il reste à trouver l'incarnation du remplaçant. Face à l'inimitié que nourissent entre eux Martine Aubry - "Je vous le dirai quand je serai candidate"- et François Hollande - "Je pense être le meilleur." -, les choses ne seront pas simples rue de Solférino. Sauf à se rappeler que le Parti socialiste compte dans ses rangs une ancienne candidate qui loin d'avoir déméritée, fera tout pour s'octroyer la revanche à laquelle elle a droit.

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