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l'éternité plus un jour
15 juin 2011

Beaucoup de bruit pour rien que de très normal

"La maison brûle et nous regardons ailleurs!" Quelle belle phrase que Jacques Chirac prononça à l'aube de son second mandat pour alerter le monde sur les menaces pesant sur son environnement! Le buzz alimenté autour de sa blague corrézienne donne envie de retourner la leçon à tous les commentateurs qui n'en finissent pas de décortiquer la portée politique du soutien goguenard apporté par l'ancien Président cacochyme à François Hollande dans la course élyséenne.

La veine qui entoure Jacques Chirac est une source perpétuelle d'effarement. A l'heure qu'il est, cet homme devrait être tout juste sorti d'un procès qui à longueur d'audience, eut rappelé à ses compatriotes ses turpitudes passées, son amnésie circonstanciée et ses petites lâchetées révolues. La QPC étant passée par là, il plastronne et s'offre une saillie médiatique pour la sortie du tome II de ses mémoires sur son "temps présidentiel". A raison, la presse donne peu d'échos à son héritage. Elle préfére focaliser sur l'amour vache qu'il porte à Nicolas Sarkozy: "nerveux, impétueux, débordant d'ambition, ne doutant de rien et surtout pas de lui-même". C'est effectivement plus racoleur que de rappeler la funeste dissolution de l'Assemblée nationale en 1997 ou le déplorable réferendum de 2005 sur l'Europe dont François Hollande, à l'époque Premier secrétaire du Parti socialiste, avait été un farouche partisan.

Voilà de quoi suspecter la normalité en politique. Il est forcément curieux qu'un homme aussi exceptionnel que Jacques Chirac puisse s'acquoquinner au delà d'une confrérie limousine avec le parangon de la normalité. François Hollande n'est pas forcément à l'aise avec cette pression amicale en ce qu'elle instille un particularisme équivoque qui pour le coup n'a rien de normal. Même si l'ancien Président de la République n'est jamais meilleur qu'en jouant contre son camp, voilà un soutien remarqué qui renforce l'incongruité de la posture ordinaire dont s'est doté le Président du Conseil général de Corrèze.

Se faisant, en s'exposant comme le candidat "normal" à la Présidence de la République, François Hollande fait de la modestie, aussi feinte soit elle, une lecture de notre temps. Ebourrifé par la campagne de 2007 après le résultat anésthésiant de 2002, il s'inspire d'une France emplie de lassitude et fatiguée de supporter une crise multiforme hors du commun. A l'entendre, il faudrait sortir de cet état conjoncturel comateux par une gouvernance émoliente de la France qui renverrait fortuitement à l'immobilisme chiraquien. S'il n'y a plus de quoi rêver à travailler plus pour gagner plus, contentons nous de ce que nous sommes sans esclandre ni esbrouffe, mais sans passion ni vision. "Je hais ces mensonges qui vous ont fait tant de mal". Dans son don à la France, François Hollande refuse le sens de la démesure et tue son rêve. Il s'offre en antithèse - "le prochain président doit être l'inverse de Sarkozy" - escomptant passivement que l'appel à un homme ordinaire sera le bon. Puisse-t-il attendre longtemps.

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