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l'éternité plus un jour
29 juin 2011

Christine Lagarde au FMI

Rarement une greffe de la société civile aura si bien pris en politique. En six ans de fonctions ministérielles -juin 2005, Dominique de Villepin l'appelle au Gouvernement -, Christine Lagarde gagne, avec le poste de Directeur général du FMI, un graal qui peut la prédisposer à revenir jouer les premiers rôles lors de la présidentielle française de 2017.

Sans aller jusque-là, il faut bien reconnaître que cette femme au sourire facile, toujours courtoise, qui offre un mélange de classicisme et d'originalité, force l'empathie dans un monde politique jamais en peine de mauvaise camaraderie, de jalousies narcissiques et de jugements malfaisants. Pour preuve, la séance des Questions au Gouvernement de ce jour fut chargée d'une émotion palpable lorsque la Ministre de l'économie répondit aux louanges du Président du groupe UMP qui avait pris prétexte de l'interroger. Une standing ovation a suivi la sobriété de ses propos et la justesse de ses mots: "Ici, pour moi, bat le cœur de la République ; le mien bat pour vous." (Mmes et MM. les membres des groupes UMP et NC ainsi que les membres du Gouvernement se lèvent et applaudissent longuement. – Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.) Soudain, l'hémicycle rayonnait sous l'éclat d'une bienveillance appaisante. La représentation nationale dans son entier, quant bien même les rangs de gauche restaient plus mesurés, tirait soudainement une satisfaction intérieure à s'arroger un peu du succès de celle qu'ils avaient fini par reconnaître comme l'une des leurs: "Yes we can!". L'annonce, quelques minutes plus tard par le Président de séance, de la libération des journalistes français, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier renforçait un peu plus ce moment irréel et fugace où la politique tutoye la plénitude du bonheur.

Le Président de la République a eu raison de saluer, dès sa nomination, "une victoire pour la France". Qui pouvait croire que le remplaçant de Dominique Strauss-Kahn pourrait être une de ses compatriotes? Christine Lagarde portait sur le papier plus que des atouts. Notamment l'avantage de passer pour une américaine, mais surtout d'avoir mis à profit cette expérience internationale pour ce révêler face aux aléas de la crise de 2008. A la bonne place, dans un soutien indéfectible au Chef de l'Etat, elle fut le modèle idéal du ministre de l'économie mondialisée. "Tant qu'on était dans le pur jeu politique, elle n'était pas à l'aise, mais la crise économique lui a pemis de déployer son envergure" déclara un jour Bruno Lemaire qui échoue aujourd'hui dans son ambition à lui succéder.

Il n'est toutefois pas certain que celle que les députés surnommaient il y a peu "Tout va bien Madame la Marquise" pour moquer son indéfectible optimisme, soit dénuée de sens politique tel qu'elle ait pu mouvoir son mètre quatre vingt dans le microcosme avec une certaine autorité: "la politique est un jeu de rôle compliqué et fascinant". Elue au Conseil de Paris parce qu'on l'avait nommé dans le XIIème arrondissement, elle s'apprêtait à briguer la députation dans une de ces nouvelles circonscriptions représentant les français de l'étranger. Preuve que sans les atours et le détour du FMI, Christine Lagarde aurait sans doute repiquer au jeu politique. Elle fait d'ailleurs une sortie très opportune sur le plan tactique. C'est le jour de sa nomination à la tête du FMI que Martine Aubry a malencontreusement choisi pour annoncer de sa candidature à la primaire socialiste. Cette subtile confrontation médiatique entre une femme qui prend le pouvoir tandis que l'autre court après serait-elle prémonitoire pour les familles qu'elles représentent?

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