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l'éternité plus un jour
25 septembre 2011

Le Sénat à bascule

Ce dimanche 25 septembre, le conservatisme est définitivement passé à gauche!

Bien loin de la VIème République régénératrice et prophétique, les socialistes et leurs affidés ont plus que jamais trouvé chaussure à leur pied avec les institutions de la Vème. Comme le plus éminent d'entre eux avait déjà eu l'occasion de batailler contre ce coup d'état permanent avant d'endosser la veste du monarque, les socialistes, coureurs de primaire, s'accommodent très bien du Sénat après en avoir dénoncé les travers. La patience, l'usage et François Mitterrand leur ont montré que l'on pouvait s'adapter à tout, y compris au pire. Dans cette République irréprochable, les socialistes sont peu à peu devenus les gardiens d'une France surannée, mais qui bouge encore sous les lambris du Palais du Luxembourg. Les mimiques mimétiques de François Hollande inspirées de l'unique Président de la République socialiste ne sont pas seules à rappeler l'héritage et la tradition qu'on va chercher au plus profond de nos terroirs. Il avait sa Nièvre, il a sa Corrèze. Le cumul des mandats a beau être dévalué dans les programmes présidentiels qu'on diffuse sur le net, il n'en reste pas moins un réalité tangible dans les cantons et utile pour faire fructifier les carrières nationales. A quoi bon s'en passer? La Haute Assemblée a beau être une anomalie démocratique, elle n'en reste pas moins une maison accueillante et rassurante qui vaut bien quelques reniements dès lors que les grands électeurs ont aussi leur mot à dire sur la mondialisation, les déficits abissaux et l'avenir de la zone euro.

François Hollande, très en verve, a eu raison de dire qu'avec Nicolas Sarkozy tout devenait possible! La conversion socialiste est imparable. Forte de victoires arithmétiques successives, la gauche s'est engoncée dans les habits de l'immobilisme et du clientélisme local. Vaille que vaille, on encense les grands féodaux qui mutèrent le Parti socialiste en parti de notable ramenant la principale force de gauche aux errements d'un centrisme débonnaire et incertain. Grand bien lui fasse de goûter aux joies du pouvoir de substitution quand l'enjeu politique immédiat  interpelle plutôt sur l'avenir de la Nation que sur celui des territoires. Avec le Sénat, le peuple de gauche tient sa petite finale. Il y voit la prémonition de lendemains qui chantent.

On peut bien invoquer la réforme territoriale comme le point saillant de l'explication raisonnée d'une défaite. Elle est mal passée auprès de ces hordes d'élus, bénévoles et retraités, agriculteurs et enseignants, qui ont cru que la simplification administrative et la RGPP signifiait l'abandon de la République. On empilait pourtant tellement, et depuis si longtemps sans compter. Pensez donc! Comment faire vivre dans la prospérité 36 000 communes, une centaine de départements et vingt deux régions administratives auxquels s'ajoutent, un peu partout, des Communuautés d'agglomération et des syndicats intercommunaux de toute sorte? Il n'empêche. Ce fut un crime d'avoir osé s'en prendre à cette France qui vient de loin, et à sa taxe professionnelle. Plutôt que de vouloir rationnaliser la carte territoriale sur des choix qui s'imposeront tôt ou tard, Nicolas Sarkozy aurait dû attendre que le FMI et la Banque centrale européenne s'en charge. Qu'auraient-ils eu alors à dire, les conseillers généraux ainsi mis sous tutelle? Notre pays se paupérise à vue d'oeil, nos services publics, autrefois si vertueux, disparaissent comme peau de chagrin, nos collectivités s'empoisonnent de l'intérieur à coup d'emprunts toxiques et la puissance publique pourrait continuer à faire danser sur un fil, une kyrielle d'édiles locaux au rythme de subventions et de crédits d'équilibre. La démocratie de proximité veut néanmoins croire qu'elle sert encore à quelque chose. Elle s'en convainc lorsque son esprit de révolte trouve de l'écho chez les socialistes et s'élève au niveau d'une campagne présidentielle.

Mais c'est aller chercher trop loin pour expliquer l'affront. Le pire c'est qu'il n'aura fallu que quelques dissidents à droite, comptés sur les doigts d'une seule main, pour donner sa portée historique au dimanche 25 septembre. Les responsables, minables petits égos boursouflés d'un chef-lieu de canton perdu dans le bocage ou au fond d'une vallée sans issue, ont permis la bascule, offrant à ce scrutin sénatorial lointain, le sacre d'un séisme national.

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