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l'éternité plus un jour
31 octobre 2012

un couac qui dit la vérité

Les couacs ? On pourrait dire qu’il les enfile comme des perles. Après beaucoup d’autres et sans qu’on lui ait rien demandé, ni acculé à quelque chose, Jean-Marc Ayrault vient d’en sortir une belle en levant sans détour le tabou des 35h00.

Que ce totem des socialistes soit ainsi livré au débat par le Premier ministre est, à la réflexion, saisissant au fait de ne plus savoir quoi en penser ; maladresse ou finesse, incompétence ou roublardise ? De fait, c’est peut-être dans le rebond que Jean-Marc Ayrault aurait finalement pêché en refusant d’assumer un propos sibyllin qui vaut pour les commentaires qu’on en fait et l’histoire qu’il nous raconte. Parler ainsi des 35h00, c’est pour Jean-Marc Ayrault prendre le risque d’avoir semé ce qu’il récolte ; l’apprenti devient apprenti sorcier. Sa crédibilité est entamée, son statut se précarise. En témoigne les recadrages laborieux des entourages tel celui de son ministre du travail : « il faut couper la tête au canard ».

Et pourtant, en allant au bout des choses, on peut les voir autrement.

La sortie de Jean-Marc Ayrault doit nous rappeler ouvertement qu’au-delà des cris d’effroi circonstanciés d’une droite en recherche et en tâtonnement, celle-ci  n’aura trouvé, en 17 ans de règne, que des succédanés trompeurs pour pallier aux errements dénoncés des 35 heures. Jamais, durant cette période, le choc réformiste n’aura été frontal tel qu’une simple abrogation aurait suffi à mettre à bas une incongruité économique à l’heure d’une concurrence économique  effrénée à l’échelle de la planète. S’il n’y a pas de tabou à parler des 35h00, il faut alors mettre l’opposition du jour devant ses responsabilités. C’est ce que devrait sous-entendre le Premier ministre en ramenant le débat à un élan d’introspection collective. Quoi qu’en disent les dépositaires du sarkozysme en berne, les exonérations d’heures supplémentaires ne furent qu’un piètre pis-aller. Que dire d’un Jacques Chirac étale sur un sujet que sa majorité avait pourtant enfourché avec la détermination des conquérants de la première heure à l’aide d’un réquisitoire implacable?

Sans tabou aucun, il n’y a pas de gêne à constater la survivance de la réduction du temps de travail par-delà l’alternance politique ce qui conforte cette anomalie économique en acquis social intangible. Voudrait-on en douter, il n’y a qu’à sonder les français sur l’attrait d’avoir à travailler plus pour gagner pareil. De même, le sujet n'a pas fait chorus au cours de la campagne électorale présidentielle. Pour preuve, dans le numéro du magazine challenges titré "60 mesures prioritaire pour la France" daté du 19 avril 2012, aucune des sommités interogées n'a évoqué la durée légale du temps de travail. En revanche, Louis Gallois exprimait déjà la nécessité de provoquer un choc de compétitivité...

Si le sujet fait tant parler c’est qu’il souligne de façon emblématique la manière déconcertante avec laquelle notre pays trouve à se morigéner sur des clivages fallacieux qui dépassent le réel pour confiner à l’absurde. Engoncé dans des certitudes d’un autre âge, la gauche se complet dans la fiction d'un progrès attaché au partage du travail. A droite, l’audace réformatrice reste finalement dans le discours en toute circonstance. Cette confrontation stérile, comme l’a exprimée le Premier ministre, finit par lever tous les tabous en réunissant les renoncements des uns avec les contorsions des autres. Le volontarisme économique se heurte à la réticence au changement, maintenant comme hier inspirée par une démocratie sociale encore généreuse. A ce niveau d’œcuménisme, Jean-Marc Ayrault a raison. Ce n’est plus une question de dogmatisme, juste un aveu implicite d’impuissance qui n’est plus tabou. « La durée légale du travail est de 35h00 et elle ne changera jamais. »

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