Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
l'éternité plus un jour
2 septembre 2013

Intervenir en Syrie ?

Au final, la maladresse belliqueuse de François Hollande pèsera peu sur le cours des choses en Syrie. Qu’il se soit fourvoyé en anticipant un engagement américain qui n’aura pas lieu où qu’il ait eu raison avant, et contre, tout le monde, n’est pas essentiel. La vérité tient davantage à l’enlisement confirmé d’une mondialisation qui rebat les grands équilibres, mettant en exergue les fragilités du processus décisionnel démocratique dans une dilution du pouvoir à l’échelle d’Etats occidentaux devenu stériles dans leur déliquescence économique. « Complexité des problèmes et érosion des souverainetés se traduisent par un affaiblissement de la puissance » écrivait Dominique David dans le RAMSES 2013. Là où l’Europe laisse éternellement espérer l’avènement d’une force politique et d’une autorité morale, ses Nations se fourvoient dans des postures contradictoires et alambiquées portant jusqu’à la caricature de leur impuissance des débats parlementaires sans impact.

En politicien roublard, François Hollande sait tout le parti qu’il y a à tirer de théâtres d’opérations extérieurs. Ils permettent de faire diversion en masquant à l’opinion le conservatisme d’une politique économique velléitaire. L’intervention militaire de la France au Mali, en dehors de toute cadre multilatéral, ne lui a pas si mal réussi, comme les frappes aériennes en Libye avaient profité à son prédécesseur. Pour autant la Syrie n’offre pas les mêmes ressorts. Dans le concert international, ce pays découpé à la serpe coloniale joue une partition détonante. Comment un Etat sans ressources particulières, dirigé par une minorité confessionnelle autocrate et traversé de multiples fractures se retrouve à dominer la Communauté internationale avec une force telle que depuis deux ans de conflits interne rien n’a bougé ? Si une intervention était souhaitable, point n’était utile d’attendre les prétendues attaques chimiques du 21 août. L’alibi humanitaire devait être levé bien plus tôt. L’absence de « leadership » international a livré le pays à d’autres influences locales comme un terrain de jeu à leurs rivalités.

Les atermoiements de Barack Obama qui paye les mensonges de Georges Bush sur l’Irak, le renoncement du Parlement britannique sont plus forts que les rodomontades de François Hollande. Seule, la France ne pèse plus au Moyen-Orient. Quand bien même, le pire serait de ne rien faire, le recours à la force semble illusoire. Les précédents fâcheux en Irak et Afghanistan confirment cette appétence coupable au renoncement. Au mieux, l’inverse serait sans effet tangible. Au pire, il risquerait gravement de remettre en cause la géographie politique d’une région qui est la mère de tous les conflits, avec de lourdes résonnances à l’échelle mondiale. Dans son interview au Figaro, Bachar Al Assad fait peser des menaces qui relèvent de l’évidence. Le défaut d’autorité mondiale et l’incapacité des grandes puissances à s’entendre sur leur rapport de force empêchent désormais d’arbitrer entre une injustice et un désordre. Sans atout apparent, la Syrie de Bachar Al Assad constituait un point d’équilibre entre tensions locales, contentieux confessionnels, rivalités d’influence plus que tout autre pays soumis à l’effervescence douloureuse du « printemps arabe ». Ses voisins comme les autres y trouvaient leur compte. Pour preuve, une éventuelle intervention de force n’aurait pas vocation à mettre le dictateur à terre.

Publicité
Publicité
Commentaires
l'éternité plus un jour
Publicité
Archives
Publicité