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l'éternité plus un jour
8 janvier 2015

Ce 7 janvier 2015

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Trois mots pour s’extraire de cette émotion étouffante qu’amène ce genre de drame national. Il faut tenter d’apaiser l’indignation qui peut vite altérer la perception des faits et le jugement qu’on en a. Mais quand même ! C’est la guerre ! La guerre à l’islamisme radical qui s’impose insidieusement dans nos sociétés de la vieille Europe depuis plus de vingt ans.

 Sécurité

Dans ce contexte, qui atteint un niveau d’alerte maximal en écho aux chaos du monde, il faut pouvoir compter sur le maintien de l’ordre dans notre pays. Aujourd’hui, ce ne peut plus être une formule vaine. Face à cette menace insidieuse et larvée, autant imprécise que criminelle, l’Etat doit exercer cette prérogative par la force et sans faiblesse. Il doit en avoir les moyens, tant d’un point de vue politique que matériel et juridique. Il est insupportable d’avoir entendu dans l’un des premiers témoignages de la tuerie de Charlie Hebdo que des policiers avaient eu peur, qu’ils avaient reculé devant des assaillants très bien armés et bien trop déterminés pour s’immobiliser aux premières sommations (le lecteur comprendra qu’il ne s’agit pas ici d’incriminer à la réaction des policiers concernés). Ce témoignage révèle la part trop importante des zones de non droit dans notre pays. Quand bien même de nombreux périls ont été déjoués dans la discrétion d’une action efficace des « services », il révéle un peu plus une métamorphose de la menace. Lâchement, elle infiltre nos sociétés démocratiques marcescentes avec des loups solitaires embrigadés au point d’être capable du pire, sans scrupule ni remords.

Liberté

Elle s’arrête où commence celle des autres. Tout est dans la nuance que chacun accorde à cette assertion. L’assassinat tragique de dessinateurs de presse, l’attaque à l’arme lourde d’un journal, fusse-t-il satirique, bête et méchant, ce qu’il était souvent, révèle l’amplitude de la précarité de ce bien commun dans un Etat de droit. C’est la liberté qui donne son sens à la vie sociale avec, pour chacun, un droit individuel à l’émancipation au milieu des autres. Nos sociétés sont-elles encore capable de proposer une espérance en la matière qui deviendrait une réalité par la voie du progrès et de la modernité ? A défaut, la rancoeur et le renoncement s’installent, le repli communautaire et l’isolement de l’entre-soi se développent, l’incompréhension se diffuse, et l’oppression du plus fort finit par peser sur le plus faible, comme un éternel recommencement de l’Histoire.

Cibler Charlie Hebdo rappelle lourdement, et sans doute confusément que la liberté qui s’accorde sans nuance à la démocratie est loin d’être une évidence à tout jamais établie dans notre société. A chacun de nous d’en être le dépositaire par l’incarnation d’un idéal politique qui doit se penser collectivement.

Education

La sécurité et la liberté ne sont rien sans l’éducation. Comment ne pas voir le déficit cruel dont souffre notre société dans ce domaine. L’accès aux NTIC de plus en plus répandu est un leurre, les chaînes TV « tout info » sont une imposture pédagogique, les réseaux sociaux tissent un fouillis sans nom. C’est le paradoxe d’une information abondante qui, sans raison,  nous étouffe sous l’émotion. Notre époque renoue avec l’obscurantisme. La grandiloquence affichée pour proclamer la force des valeurs, de respect, de tolérance, d’écoute et de partage n’est qu’un écran de fumée. Nous nous payons de mots. Ces notions n’inspirent rien dans les esprits décervelés d’aujourd’hui, placés sous emprise narcissique. Dans une société déstructurée, la voie du progrès, l’esprit de concorde et d’entente auquel notre pays aspire comme l’illustre l’énorme mouvement d'opinion nationale autour des martyrs de Charlie Hebdo, a besoin de renouer franchement avec une éducation qui élève la jeunesse de France à l’heure où ses enfants pensent leur avenir avec le Jihad, comme s’il s’agissait d’un jeu vidéo.

Que la capacité soit donnée à tout un chacun de comprendre les enjeux sécuritaires dans ce monde incertain, d’apprécier le creuset commun pour un vivre ensemble, d’être en mesure d’accepter, sinon comprendre, l’humour de Charlie Hebdo. La politique a encore de belles heures devant elles pour peu que celles et ceux qui la servent en Europe se ressaisissent.

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