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l'éternité plus un jour
9 décembre 2020

Arnaud Montebourg ou la déception qui fait le candidat

Repartir en arrière ou le retour vers le futur! C’est un rêve honnête, tellement beau qu’on le comprend comme on le partage. Si tant est qu’il ne l’ait jamais quitté, il habite certainement la tête d’Arnaud Montebourg dont tout porte à croire qu’il inscrit sa personne dans un nouvel agenda politique.
Après une mise en retrait tapageuse, désormais nourri de la fréquentation des abeilles qui « organisa ainsi [ses] retrouvailles avec l’harmonie et la sincérité du monde », l’ancien Ministre du redressement productif veut partager son expérience malheureuse avec la conviction profonde (et pas forcément fausse) qu’il aurait eu raison trop tôt. Pour autant, à l’heure du « dégagisme », ses velléités sont-elles sérieuses? La vie politique s’est fortement accélérée. Les défaites d’hier sont des actes manqués qui ne se réparent pas. Le retour de l’ancien monde est délicat et les traversées du désert divaguent désormais en errances perpétuelles.
L’heure d’Arnaud Montebourg a passé. Elle avait sonné en 2011, au moment où le Parti socialiste s’en remettait à son idée d’organiser des primaires pour détacher - exercice toujours difficile à gauche - un présidentiable portant un projet politique de reconquête. Il en est certainement revenu, mais à l’époque, le député provocateur défendit ardemment ce suffrage importé des Etats-Unis. Sa force de persuasion l’emporta. Par la même, elle lui permit d’entrer en lice. Son talent d’opportuniste flamboyant lui donnait toutes ses chances. Il portait un projet politique décalé qui commençait à faire sens depuis l’échec du référendum sur le projet de Traité constitutionnel. Il avait enfin la jeunesse qui convenait au souffle novateur et incertain des primaires. Face à Nicolas Sarkozy, il eut fait un merveilleux challenger. La campagne de second tour aurait été grandiose. Là dû être le moment d’Arnaud Montebourg!
Les vieux réflexes de l’appareil socialiste, cadenassé par des fidélités sclérosantes et des trahisons dans tous les sens, eurent raison de son effronterie juvénile. Il s’inclinait derrière les caciques, François Hollande et Martine Aubry. Battu, il devenait le faiseur de roi. Le choix était limité et, à l’évidence, peu séduisant eu égard à son ambition. Dans l’intimité qui ramène aux sentiments, FH qu’il n’aura pourtant jamais épargné, lui parla d’un accord - « s’il se défait alors tout se défera ». Arnaud Montebourg devint Ministre du Redressement productif.
La suite est racontée dans L’engagement (394 pages, Grasset, 22€). Sans nuance. Pour envisager son avenir, Arnaud Montebourg veut porter témoignage d’un quinquennat désastreux qui lui doit finalement beaucoup. Il aura échoué à en éviter la déliquescence. Tout en amertume, l’ancien Ministre passe beaucoup de temps à dénigrer sans ambages ses supérieurs face auxquels l’exaltation de sa tâche fut de peu de poids. Il invoque sans fard la pusillanimité de François Hollande pour expliquer ses renoncements qui furent autant de lâchetés pour ses électeurs. Si sa lecture n’est ni inutile, ni désagréable, son récit s’apparente davantage à un précis de ressentiment plutôt qu’à une lettre à tous les français.
Une primaire étant vraisemblablement peu probable pour le distinguer, Arnaud Montebourg semble mal parti pour tenter, avec ce livre, la synthèse parmi ses anciens amis politiques. Il cultive sa présence singulière et séduisante dans le débat sans se départir de son appétence pour le combat politique. C’est toujours elle qui domine chez cet homme vindicatif, dans ses idées comme dans son talent. Pas sûr qu’elle suffise à lui donner l’espace requis pour atteindre le premier rôle en 2022.
 
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