Sortir du CPE
Avec ou sans préavis...il faudra bien sortir du CPE, politiquement s'entend. Dans un excellent billet Koz établit un parallèle intéressant entre le discours qu'a donné lundi soir à Douai, Nicolas Sarkozy en sa qualité de présidentiable et des réflexions de François Chèréque, Secrétaire général de la CFDT, tiré de son livre Réformiste et impatient. Le rapprochement des points de vue sur notre modèle social est saisissant.
Je passerai sur les sous-entendus perfides consistant à dénoncer l'opportunisme présumé du Président de l'UMP pour gommer son image "libérale" en faisant vibrer la fibre sociale qui sommeille en chacun de nous. Ce qui est intéressant c'est le constat partagé entre un leader politique et un responsable syndical que la tradition établie dans notre pays a l'habitude d'installer dans une opposition idéologique perpétuelle systématique et irrémédiable. Or quand l'un dénonce "l'immobilisme qui tue", l'autre prétend que "c'est le changement qui nous protégera". Avouez qu'il y a un postulat encourgeant pour entamer une discussion entre politiques et syndicalistes.
A l'heure où j'écris ce billet, le Conseil Constitutionnel, tel un oracle n'a pas délivré sa sentence sur le CPE. Pour autant, quelque soit sa décision, il y aura bien un après CPE sur le front de la réforme. Comment les forces vives devront s'engager sur la voie du mouvement? Il en va plus que jamais de la crédibilité des corps morts intermédiaires, partis politiques comme organsiations syndicales qui est bien entamée au regard des résultats des scrutins électoraux, citoyens comme professionnels.
Enervé par le renoncement émoliant que supporte notre société, et non dénué d'arrières pensées machiavéliques comme le démontre merveilleusement Françoise Fressoz, le Premier ministre a opté pour le passage en force. Le risque n'a pas forcément était calculé. Il a néanmoins le mérite d'amener les parties en présence à aller jusqu'au bout. Ainsi, une fois son paroxysme atteint et quels que soient les dégâts, l'affrontement devra inévitablement déboucher sur quelque chose pour offrir des opportunités créatrices. A plus ou moins long terme les solutions ne manquent pas pour imaginer la France d'après. D'ici l'échéance électorale de 2007, c'est plus délicat. Désormais, tout incombe au Chef de l'Etat. Son retrait, ou plutôt l'effacement qui a caractérisé son attitude depuis la début du conflit, rend plus grande sa responsabilité pour sortir de la crise. Rapporté à cette phrase maudite lancée à un panel de jeunes lors d'une émission télévisée au moment de la campagne référendaire pour le projet de traité constitutionnel européen, il la rend aussi plus compliquée.