Quand Jacques Chirac passe en prime time

Un mot sur ces deux films consacrés au Président de la République en exercice, diffusés lundi et hier soir en même temps que les trois mousquetaires du PS tenaient leur seconde joute oratoire. C'est justement parce que Jacques Chirac est encore à l'Elysée que ce documentaire parait faire grand bruit. C'est aussi, semble-t-il par la charge qu'il représente contre celui qui est présenté comment étant excellent dans la conquête du pouvoir (c'est à voir) pour devenir lamentable quand il s'agit de l'exercer.

Jacques Chirac n'aura pas été le plus intègre des Présidents de la République Française. C'est un fait. En rapportant le florilège de scandales qui jalonnent ses quarante années de vie publique, Patrick Rotman nous offre un récapitulatif en forme d'aide mémoire. Hélas, toutes ces turpitudes, ces dévoiements et ces postures opportunistes sont derrière nous. Sauf à imaginer une 5ème candidature, ce qui ferait tout de même beaucoup pour ne pas dire trop, le Président sortant rentre lentement dans la petite histoire.

Au regard de son propre cas, la question qui vaut pour l'avenir est de savoir si la politique dans ce qu'elle constitue l'essence d'une démocratie, ce pire des régimes à l'exception de tous les autres, peut se satisfaire d'hommes qui ne soient pas cyniques, opportunistes, aventuriers, manipulateurs, égocentriques ou affabulateurs.

Ce n'est pas faire preuve de pessimisme ou de désoeuvrement que de répondre par la négative.

Certes, Jacques Chirac fait figure de champion qu'il semble désormais difficile d'égaler. Compte tenu de sa longévité, il incarne une époque révolue qui facilitait les écarts de conduite pour ne pas dire qu'elle les encourageait - il y aurait à dire sur les fortunes accumulées sous les auspices de la République Gaullienne. Il n'empêche. Tout homme politique qui se respecte est à la merci de son ambition irrépressible qui l'oblige à des excès que la morale, la probité et la vertu réprouvent. Dans ce domaine, il n'y pas de limites aux contradictions, aux trahisons et aux paradoxes, pourvu qu'on atteigne l'objectif. Regardez Clearstream! C'est ça aussi la politique.

A moins qu'en s'employant à imaginer les outils en mesure d'assainir le système et relever la vigilance citoyenne, Ségolène Royal trouve la parade.