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l'éternité plus un jour
8 janvier 2007

Ségolène Royale en Chine

En communication politique les détours de l'expression aussi abscons ou futiles soient-ils, ont toujours un sens caché. Sur le principe du leurre, ils entendent faire parler sur l'accessoire pour mieux occulter l'essentiel.

Ainsi, saisie par la froidure de la grande muraille de Chine, Ségolène Royal, en campagne sur tous les continents, aurait sciemment inventé le terme "bravitude" en traduction d'un proverbe chinois censé évoquer une qualité que seul peut acquérir "un chinois qui vient sur la Grande Muraille."

De fait, Ségolène Royal amuse les journalistes d'un rien, les renvoyant à des commentaires insignifiants et anecdotiques. Dans cette opération de communication qu'elle assume, la candidate socialiste a notamment pu compter sur le soutien de l'ineffable et inaltérable Jack Lang toujours prompt à voir de la "branchitude" dans un vide sémantique.

Au delà de cette communication caricaturale la sortie verbale, et touristique, de Ségolène Royale devrait interpeller sur l'intérêt des voyages diplomatiques en période de campagne électorale.

A première vue, ils permettent de renforcer, voir d'installer, la stature internationale d'un candidat dans l'opinion. Plus sûrement, ils offrent des contacts qui s'avéreront utiles en situation de président(e). De fait, il devrait moins s'agir de tournée promotionnelle avec l'envoi de cartes postales que d'un parcours initiatique discret en vue de préparer des responsabilités à venir.

Ainsi, il n'est pas certain que l'opinion doivent attacher à ces déplacements l'intérêt politique que les candidats, rejoints par les médias, veulent y donner.

Ils devraient d'abord susciter un certain scepticisme quant à leur caractère dispendieux ainsi qu'aux modalités pratiques de leur organisation qui n'est rien plus qu'opaque. On peut notamment s'interroger sur la nature et le soutien logistique des postes diplomatiques français accordés à la candidate socialiste dans les pays où elle se rend. De ce point de vue, le précédent libanais où elle avait bénéficié de l'escorte rapprochée de l'Ambassadeur de France devrait poser question à tout le moins s'agissant de l'égalité de traitement qu'on serait en droit d'attendre des services de l'Etat vis à vis de tous les candidats. Accessoirement, il devrait renvoyer à l'implication directe du Président de la République pour qui rien n'est étranger dans les mouvements des corps diplomatiques et militaires.

De même, la réalité internationale de notre pays dans sa capacité à peser de manière singulière dans le concert des Nations a considérablement évoluée. De fait la France est bien en peine de braver seule les mutations du monde. Le voyage en Chine - pourquoi la Chine? - de Ségolène Royal et la manière dont il en est rendu compte, sont révélateurs de cette mutation. Dans une organisation économique, commerciale et industrielle chamboulée à l'échelle internationale, la Chine incarne, avec d'autres Etats, l'émergence de nouvelles puissances qui sans vergogne, scrupule ni états d'âme, imposent leur façon de faire à leurs "partenaires" européens. Face à cette réalité, il est illusoire de laisser croire, quant bien même une campagne présidentielle serait propice à toutes les démagogies que même munie de "bravitude" une candidate puisse se distinguer sur les adaptations à envisager pour notre pays.

Mieux vaut alors en rester à l'écume des choses, c'est à dire des images exotiques assorties d'une référence historique à François Mitterrand et de la traditionnelle complainte sur le respect des "droits humains".

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