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l'éternité plus un jour
11 février 2007

Le grand jour de Ségolène Royal

S_gol_ne_030

Elle avait elle-même mis tant de pression sur cette journée du 11 février que finalement, une fois l'événement passé, on se dit que c'était pas si mal à défaut d'être bien. Depuis le début, parce que c'est une femme et que cette condition est inédite pour un candidat à l'élection présidentielle, les commentateurs s'attendent à la voir s'effondrer un jour ou l'autre.

C'est l'hypothèse qui a sous-tendue, les trois premières phases du parcours de Ségolène Royal depuis qu'au mois de septembre 2005 elle se soit posée sérieusement la question de sa candidature. Qu'on s'en souvienne.

La première phase, c'est son ascension incroyable, irrésistible et improbable dans les études d'opinion. Démarrée à l'automne 2005, cette empathie populaire n'a jamais faibli malgré les Cassandres dont les plus réjouies émargeaient au Parti socialiste.

La seconde phase, elle y est entrée à reculons. C'était le temps de la primaire, mode de séléction inédit qu'avait choisi le Parti socialiste pour désigner son champion. On a alors mis ses réticences sur le compte de son manque de consistance, le symptôme révélateur de ses limites à débattre et à argumenter. L'affaire était pliée. Dominique Strauss Kahn et Laurent Fabius, dans une alliance de circonstance bien comprise, n'en feraient qu'une bouchée. Et à chaque débat télévisé même surprise, lors des meetings même résultat: elle n'a pas trébuché. Ce simple constat avait en soi valeur d'un brevet de présidentiable. Les militants confirmeront largement cette habilitation à les représenter. La troisième phase pouvait démarrer.

Ce fut peut-être la plus délicate à négocier car la plus originale. S'appuyant sur la déligitimation des élites qui frappe notre pays, elle a souhaité s'en remettre au peuple. C'est la fameuse démocratie d'opinion et l'ouverture des vannes du débat participatif. Preuve du risque apparent de sa méthode, elle décroche dans les sondages. C'est bien assez pour inquiéter les éléphants socialistes. Sur ce point, Lionel Jospin n'est pas le dernier à avoir jouer double jeu. Mais malgré la fébrilité qui s'est emparée du parti socialiste  ces derniers jours et le dénigrement cruel de la presse si prompte à défaire ce qu'elle avait encensée naguère, Ségolène Royal, à défaut d'être irrésistible, est lancée. La journée du 11 février vient à point pour le confirmer.

Dans un tel contexte, son discours de Villepinte est un exercice de synthèse et de symbiose plutôt réussi. Dans ce genre d'expression politique la longueur et la langueur permettent de diluer la pensée, de multiplier les références et de diversifier les promesses. On constatera qu'elle n'a rien lâché des idées iconoclastes qui l'avait fait entendre de l'opinion. Ainsi a-t-elle rappelé l'encadrement militaire des jeunes en rupture sociale, le recours aux jurys populaires ainsi qu'une grande loi pour les femmes. En même temps, Ségolène Royal a entendu beaucoup de voix durant la phase d'écoute. Elle a lu également beaucoup de "cahiers d'espérance". De quoi en appeler aux "cercles vertueux" ou aux "convergences positives" et multiplier sans limite les promesses sur des mesures non financées.

Le pacte présidentiel est tellement bien doté qu'on y retrouve même quelques idées saillantes défendues par Nicolas Sarkozy. Les deux candidats semblent en phases sur la lutte contre les discriminations. Pour elle comme pour lui, l'insécurité et l'incivilité doivent être combattues avec une égale fermeté  et si la jeunesse de France est si choyée par l'une et l'autre, elle doit, en compensation de ses droits, s'appliquer à honorer ses devoirs. Quant à l'économie, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy veulent, d'un même élan, réconcilier les français avec l'entreprise.

En 2002, "le coup de tonnerre" du 21 avril a été en partie dû au fait que le candidat du Parti socialiste avait, durant le premier tour, mené un campagne de second tour. De second tour, il n'y en eu pas ce qui généra une immense frustration encore perceptible dans l'électorat de gauche. Le patron de LIbération, Laurent Joffrin, a parlé d'une créance que détiendrait le Parti socialiste sur son électorat. Quelque soit son candidat, celui-ci, et plus largement celui de la gauche, fera en sorte qu'il soit au second tour. Ce 11 février, Ségolène Royal semble avoir entériné ce postulat. Plus habile que Lionel Jospin qui avait déclaré que son programme n'était pas socialiste, la candidate qui entend réussir là où il a échoué, s'est contentée d' omettre toute expression comportant les mots "gauche" ou "socialisme". Là aussi, elle a rejoint Nicolas Sarkozy qui quelques minutes plus tôt avait déclaré se moquer des étiquettes.

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Commentaires
M
Ce n'est pas parce qu'elle ne s'est pas plantée, qu'elle a réussis. Qu'est ce qu'il ressort de ce discours ? Aucune analyse forte, aucune ligne directrice, aucune mesure phare, aucun slogan pour faire campagne. Juste un catalogue de mesures dépensières, de l'école des parents, à la prévention des grossesses précoces. A force de vouloir en donner à tout le monde, on s'expose à entendre en échos "et moi ? et moi ? et moi ? " ...<br /> En attendant les candidats de la gauche de la gauche font campagne sur des thèmes économiques et sociaux, sur la répartition des richesses entre travail et capital, sur le logement, la fiscalité ... Ce soir Buffet a été assez bonne. Besancenot époustouflant une fois de plus. <br /> <br /> C'est loin d'être gagné. A mon avis, c'est impossible de faire campagne sur un recueil de doléance. Elle est "piégée par sa méthode" comme je l'écris aujourd'hui ...
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