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l'éternité plus un jour
18 décembre 2009

Justice de Noël

Collusion d'affaires judicaires médiatisées dans l'actualité. C'est d'abord celle de Julien Dray. Elle a défrayé la chronique au point de lui valoir l'opprobre de ses propres camarades dont on a pu penser un temps que certains d'entre eux étaient à l'origine de ses déboires par un excès de délation. Finalement le Parquet, tout en ayant constaté des flux financiers suspects en sa faveur, s'en tiendrait à "la voie alternative aux poursuites du rappel à la loi". Cette bienveillance peut étonner. L'ancien bras droit de Ségolène Royal lors de l'élection présidentielle échappe ainsi à un procés dont le déroulement aurait été une terrible épreuve. Par l'heureux dénouement d'une malheureuse histoire de quelques sous - 78 350€ -, le député socialiste peut évoquer une lâche soulagement. Il devrait retrouver sa place dans le combat pour les prochaines élections régionales. Ce sera nettement plus dur pour un retour flambant à plus haut niveau.

La seconde affaire porte également sur de supposées malversations financières. Elle concerne un aréopage de l'ancienne direction d'EADS qui aurait bénéficié d'informations privilégiées en 2006 pour exercer ses droits sur la vente de stock-options, engendrant de facto de sacrés profits évalués en millions d'euros. Vingt personnes étaient inquiétées mais le scandale stigmatise Noël Forgeard, patron de l'entreprise à l'époque qui aurait réalisé un gain de 3,7 millions d'euros en 2006. Après trois ans d'enquête, l'Autorité des Marché Financiers (AMF) met finalement hors de cause les présumés coupables d'un délit d'initié dans la plus grande affaire qu'elle ait eu à traiter sur le sujet. Voilà un homme heureux. Retiré des affaires il va pouvoir faire fructifier ses émoluments.

Enfin, le tennisman Richard Gasquet est également absous pour un comportement non conforme aux prescriptions éthiques du sport. Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a rendu hier son jugement en choisissant de disculper le Français, contrôlé positif à la cocaïne en mars lors du tournoi de Miami. L’ex-numéro 1 français sort donc blanchi de cet épisode. Il aurait consommé la drogue à l'insu de son plein gré emporté par l'ambiance envoûtante d'une boîte de nuit.

Ces trois justiciables n'auront eu finalement qu'à subir un lynchage médiatique. C'est déjà beaucoup. Au nom du droit, la justice, quelque soit l'autorité qui la rende, considère comme superfétatoire l'idée de leur infliger une autre sanction plus emblématique. Dès lors, y aura-t-il réparation pour nos trois héros de la politique, des affaires et du sport? Il est difficile de faire disparaître les tâches venues, à la hâte, maculer une présomption d'innocence aléatoire. Le soupçon d'illégalité les enveloppe désormais et à jamais. La vérité sarcastique de l'opinion demeurera. Elle fait passer Julien Dray, comme d'autres avant lui, pour un politicien menant grand train sous couvert d'un engagement politique. Le comportement de Noël Forgeard illustre les pratiques excessives, et avérées, d'un mécanisme de rémunération issue d'une élaboration horlogère au service d'une élite. Jean-Pierre Jouyet, le Président de l'AMF corrobore ce constat: "Ce que va retenir l'opinion, c'est qu'il va falloir faire en sorte que tout ce qui a trait aux stock-options des dirigeants d'entreprise soit mieux encadré." Vas-y mon gars! Reste enfin un tennisman innocenté par une justice sportive qui laisse passer par ailleurs tant de fraudes et d'irrégularités qu'on en viendrait presque à plaindre ceux qui ont la malchance de se faire choper. C'est d'autant plus bête que les excès en plaisirs interdits pratiqués par des sportifs de haut niveau est un secret bien mal gardé. Si l'honneur judiciaire de nos trois protagonistes est sauf, l'opinion est sans illusion. Elle n'en pense pas moins.

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