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l'éternité plus un jour
22 février 2010

Frêche is so fresh

Finalement, l'affaire Georges Frêche qui irrigue d'une eau frelatée la campagne des élections régionales, forme un condensé de ce que la décentralisation peut produire de pire et de meilleur. Par son versant politique, la démocratie des territoires a généré des potentats locaux qui ont alterné le bon et le mauvais. Le bon concerne l'expansionnisme économique. Il est souvent l'oeuvre passionnée d'ambitieux illuminés désireux de porter des projets démesurés pour faire renaître leur province oubliée. Georges Frêche est de ceux-là. Il peut s'enorgueillir, et on ne le lui conteste apparemment pas, d'avoir eu cette vista pour la ville de Montpellier. Il sut sortir de sa torpeur cette préfecture entourée de marécages pour en faire une métropole d'équilibre convoitée. Au diable l'avatar critique de la mégalomanie quand par certains cotés, cette qualité peut contribuer au progrès, y compris social.

Au revers de la médaille, on trouve aussi cette grandiloquence tournée en populisme de clientèle. S'appuyant sur une réussite non feinte, des seigneurs en leur fief veulent s'imposer comme des roitelets hors de leurs frontières. Ils ne se laissent pas impressionner par les oukases jacobins. Au contraire, il se veulent frondeurs et prennent à plaisir la voie de la provocation. En réaction, ils deviennent incontrôlables pour qui veut, de Paris, les placer en coupe réglée dans l'aspiration à un destin national qui doit agréger les belles provinces de France. A péquenot, péquenot et demi. Ce n'est alors pas un art mineur pour le chef d'un parti qui se félicite de gouverner vingt régions sur vingt deux de faire le contre poid.

De cette dualité légendaire entre Paris et la Province qu'incarne si bien le Parti socialiste en ce que plus que d'autres il est devenu un parti de notables, il convient de tirer le constat déjà fait par ailleurs: les élections du mois prochain n'ont de régional que le nom. La campagne traite peu ou prou des même sujets insipides. C'est ici l'annonce de crédits débloqués pour désenclaver les zones reculées. C'est là l'accompagnement des mutations économiques en reconversions industrielles. Ailleurs on entend élever le niveau de formation de nos jeunes et convertir nos paysans en agriculteurs responsables. Ces belles professions de foi ramènent à un oecuménisme de bon aloi qui laisse l'électeur pantois. Il saura bien s'accrocher, sans être dupes, aux tirages de maillots auxquels se livrent les candidats à l'alternance présidentielle; la seule, la vraie qui vaille la peine depuis qu'on vogue en régime semi présidentiel au rythme quinquennal.

De fait, comment ne pas voir dans cette montée en sauce ragoûtante d'un frêchisme prétendument politiquement incorrect, la rivalité des postulants aux primaires socialistes pour l'élection présidentielle? Après un excès de lenteur, Martine Aubry s'est précipitée pour saisir l'opportunité d'une saillie ambiguë permettant d'imputer à Georges Frêche un point de vue antisémite que tous ceux qui le connaissent, l'aiment ou le détestent, réfutent comme un seul homme. Curieux d'ailleurs que des propos prononcés fin décembre ayant été publiés par un journal local sans émouvoir personne à l'époque, refassent surface parce qu'un hebdomadaire national les reproduit innocemment un mois plus tard. C'est ce que l'on appelle sauter sur le râble de l'information.

Force est donc de constater que le problème est ailleurs. Georges Frêche s'étant fixement annoncé comme un opposant irréductible à la Première secrétaire du PS, celle-ci ne pouvaient reste inerte au risque de s'y prendre comme un manche, ce qu'elle fit. Il est décidément bien compliqué de faire marcher au pas cette troupe d'éléphants broussailleux, princes en leur région et faiseurs de roi au niveau de l'Etat central. Avec Georges Frêche, un chose est sûre: le grand chelem socialiste des régions n'est pas pour demain! 

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