Le CPE et Dominique de Villepin

Je n'ai pas vu Dominique de Villepin au 20h00 de TF1 qui lorsqu'il est piloté par Claire Chazal, relève de la tribune libre. J'imagine donc que le Premier ministre a pu s'exprimer sans dérangement. Il a dû dérouler un argumentaire longuement préparé et certainement bien affuté par l'équipe de ses collaborateurs.

Pour diffcile qu'elle soit à gérer, la tactique du Premier Ministre est simple à décrire. A l'image de ses prédéceseurs qui furent un jour emportés dans les filets de la contestation estudiantine, il lui faut louvoyer habilement entre rectitude et ouverture, détermination et concertation, sans tomber dans le renoncement tout en sachant éviter le pourrissement susceptible de conduire à l'issue fatale.

Face à cette mission difficile et délicate, deux remarques:

La première est d'ordre politique. Dominique de Villepin est désormais au pied du mur et derrière lui, il n'y a personne. Il ne faut s’y tromper, le soutien de l’UMP relève du service minimum. Nicolas Sarkozy doit trouver la bonne mesure pour arriver au « soutien sans participation », une belle formule entendue en d‘autres temps. Nonobstant sa pratique personnelle du pouvoir, c'est de bonne guerre au regard des circonstances qui l'ont conduit à Matignon. En dehors de toute logique politique, le choix de sa nomination répondait exclusivement à la volonté présidentielle de faire barrage, par tout moyen, à Nicolas Sarkozy. La presse, inquiète de voir l'actuel ministre de l'intérieur faire cavalier seul trop facilement, avait senti tout le profit émotionnel, donc économique, qu'elle pouvait tirer à lui opposer un challenger. Elle a embrayé le pas et contribué à l'ascension de Dominique de Villepin. L'habillage fut concocté avec un slogan à courte vue qui risque de revenir comme un boomerang: le Premier Minsitre se donnait 100 jours pour redonner confiance aux français. Avec le CPE, la candidature de Dominique de Villepin va-t-elle faire pschitt? Les paris sont ouverts, mais ça peut effectivement être un bon prétexte, étant entendu qu'il me semble illusoire de penser  pouvoir construire une candidature à l'élection présidentielle en 22 mois, a fortiori à partir de Matignon et en n'ayant jamais été confronté au suffrage universel.

Ma seconde remarque porte sur le CPE lui-même. Il révéle toute la difficulté, pour notre pays à se regarder en face et à trouver les solutions pour ne pas sombrer. Toutes les responsabiltiés qui irriguent notre société; pouvoirs publics et politiques, syndicats, entreprises, enseignants sont incapables de se retrouver autour d'objectifs qui relèvent pourtant d'un intérêt partagé. Avec l'emploi des jeunes ont est bien au coeur du patriotisme économique vanté à tort et à travers ces derniers temps. Or depuis près de 20 ans, notre société nourrit sournoisement un confllt générationnel. C'est une résurgence de mais 68 qui n'aura rien semé au delà de la génération du baby-boom: "Une génération qui n'a pas changé le monde, mais qui s'est bien amusée." pour paraphraser une célébrité du PAF. Le financement des retraites, l'addtion de la dette et un marché du travail sclérosé, c'est tout ce que nos aînés laissent à leurs enfants. "Mais qu'est ce qu'ils nous ont laissés ? Le grand marché européen ? On a que dalle. On n'a plus qu'à être amoureux, comme des cons, et ça... C'est pire que tout !" Pour qui s'en souvient, c'était en 1989. Le romantisme en moins,ca n'a pas beaucoup changé. C'est peut-être même pire.