Nicolas Sarkozy sur TF1

D'accord c'était un peu France d'en bas. On était sur TF1 qui mégote toujours sur la part de cerveau de ses téléspectateurs à libérer aux questions qui font réfléchir. Quant bien même PPDA se pique d'information, il ne faut pas trop lui en demander.

Par son côté réducteur, la télévision fait souvent ressortir de ces grandes émissions mises en scène, le détail qui résume tout dans le mauvais sens. Dans le cadre d'une campagne électorale, ça ne pardonne pas. En témoigne, la pitoyable prestation du Président de la République devant des jeunes en avril 2005 (1), et sa réplique pleine de dépit comme unique souvenir: "je ne vous comprends pas". Nicolas Sarkozy maîtrise la télévision et le débat public bien mieux que son éventuel futur prédécesseur à l'Elysée. De fait, il s'est plutôt bien tiré de l'exercice qui n'était pas sans risque. Physiquement, il a surmonté l'épreuve: deux heures debout, un heure et vingt trois minutes de prise de parole sur des thèmes divers et variés. Il a tenu la distance, manifestant tout du long de l'émission une empathie évidente à l'égard de ses contradicteurs, y compris les plus farouches.

Sur le fond, on a eu droit à un balayage digne du café du commerce. Des radars sur les routes aux petites retraites en passant par les discriminations, la guerre en Irak ou...les prothèses dentaires, tout y est passé. Nicolas Sarkozy maîtrise et répond sans détour aux questions, insistant sur ses efforts pour se faire bien entendre sinon comprendre. Il argumente facilement avec des formules ou des exemples récurrents déjà distillés au cours de ses meetings thématiques. De ce que j'en ai vu, jamais il ne s'en est pris à ses adversaires, fidèle en cela à la règle qu'il s'est fixé de mener une campagne positive. Fort d'une certaine assurance, il a gagné en humilité et supporte la contradiction avec sagesse et retenue.

Ses idées sont désormais bien installées dans l'opinion. Elles devraient offrir aux autres candidats prise à contestation, mais surtout susciter des propositions alternatives afin de donner rehausser la campagne. Ségolène Royal est naturellement attendue à compter du 11 février, jour où tout doit vraiment commencer pour elle. Il faut espérer que la confrontation se fera alors projet contre projet. L'attente est tellement forte qu'elle ne doit pas décevoir. Elle sera, elle aussi, confrontée à l'arène populaire de TF1. L'autre enjeu de la télévision, c'est l'audience. Nicolas Sarkozy a réuni 8,24 millions de téléspectateurs. Record à battre...

(1) la France s'apprétait à voter par référendum sur l'adoption du Projet de Traité Constitutionnel Européen (TCE).