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l'éternité plus un jour
5 mars 2007

Le piège politique d'Airbus

Airbus s'invite dans la campagne électorale. L'avionneur européen vient enrichir la liste des entreprises qui, sous le regard de l'opinion affectée, déballent leurs difficultés aux politiques comme le professeur distribue l'énoncé d'un problème mathématique pour l'épreuve de fin d'année. Dans quatre heure, il ramassera les copies et dans quarante huit jours les électeurs trancheront!

C'est assez normal dans la mesure où la crise d'Airbus concentre des thématiques sensibles sur lesquelles l'électorat est, à tort ou à raison, en attente d'une offre politique. Il s'agit de l'emploi, de la politique industrielle et de l'Europe. Autant de sujets sur lesquels les candidats à la présidentielle entendent, à tort ou à raison, aiguiser leurs avantages comparatifs.

Sur l'emploi, malgré les protections oratoires des dirigeants d'Airbus utilisant les concepts flous de "reconversion" "redéploiements" et "d'absence de licenciements secs", pour présenter leur plan de restructuration, on touche au sentiment d'insécurité sociale qui irrigue la société française. En réplique, les politiques sont prompts à réagir par l'indignation fustigeante, l'empathie compassionnelle et le pèlerinage au chevet des personnels menacés. Peut-on leur en vouloir?

Sur la politique industrielle, le paradoxe est à son comble car Airbus bénéficie jusqu'à présent de succès commerciaux avérés. Son carnet de commande est, dit-on, garni pour plusieurs années. Quant à l'inauguration triomphale de l'A380, elle est encore dans toutes les mémoires. Le problème venant plutôt d'une défaillance de la gouvernance ayant conduit à un besoin de trésorerie, la situation n'en est que plus rageante. Il est le fait d'un compromis bancal imaginé en 1999 pour satisfaire la volonté de l'Etat français d'intégrer le capital de l'entreprise quand les Allemands y étaient opposés. En instituant un système à double commande peu vertueux, il a engendré un partage artificiel des tâches et des responsabilités. A ce mécano managérial, s'est très certainement ajouté l'attitude peu scrupuleuse de certains dirigeants qui prévenus des épreuves à venir, se seraient scandaleusement payés sur la bête avant de partir.

C'est finalement sur l'Europe que pèse le noeud du problème. C'est vraiment regrettable pour na pas dire cruel alors qu'on a peut être jamais été aussi loin de l'idéal communautaire dont on doit justement fêter les cinquante ans dans quelques jours. Tout en vantant les mérites d'une coopération européenne emblématique porteuse d'avenir, les Etats, sous la férule de leurs dirigeants, ont instrumentalisé le management de l'entreprise pour faire prévaloir en sous-main des réflexes nationaux.

C'est un coup dur pour la politique et la confiance qu'il est permis de mettre (encore) en elle,  car, au delà des gesticulations et des effets d'annonce des candidats, le temps d'une élection présidentielle n'est jamais propice à une décrispation des enjeux hexagonaux.

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