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l'éternité plus un jour
25 mai 2007

Nouvel avatar au Liban

Une fois de plus le Liban sombre dans la psychose en temps de guerre. Une fois encore l'autorité de l'Etat, la crédibilité des forces armées et l'équilibre précaire d'une société multiconfessionnelle par essence fragile sont sur la tangente.

Qu'importent les raisons invoquées pour expliquer ce nouvel épisode de guerre civile larvée. Comme à chaque fois elles servent de "cache sexe" aux fondamentaux qui fragilisent le Liban. Bien entendu le regard international et ses supputations se tourne vers la Syrie. Avec une position ambigüe sur la guerre en Irak et une main mise trop longtemps acceptées sur le pays du Cèdre, elle est vouée aux gémonies et doit ferrailler maladroitement contre l'idée d'un tribunal international chargé de juger les assassins présumés de l'ancien Premier ministre Libanais, Rafic Hariri. Une autre explication à cet embrasement soudain vient de l'ombre portée d'Al-Qaïda qui jette sont dévolu fondamentaliste sur le terreau favorable d'un Liban exsangue après la guerre de l'été dernier entre le Hezbollah et Israël.

Mais au delà des explications à courte vue servies pour justifier ce sursaut de violence, comment ne pas voir, encore et toujours, l'effet abrasif du conflit israélo-palestinien qui pèse inexorablement sur l'état moral et politique du Liban?

Une fois de plus, les affrontements ont lieu dans un camp de réfugiés palestiniens. Ils font écho à des épisodes sanglants, placés au tréfonds d'une sinistre mémoire qui fige l'histoire récente du Liban dans l'horreur. 400 000 palestiniens, déplacés de leur terre, vivent entassés dans des ghettos insalubres. Délibérément ostracisés, ils sont depuis lors fixés dans l'attente qui vire tragiquement à la perpétuité. En marge de la société civile libanaise dès lors que tout à été fait pour les placer dans une temporalité éphémère, ils survivent dans un état de misère morale et de dénuement matériel. Loin de la décence qui accompagne l'honnêteté du commentaire pour décrire la vérité des faits, on continue d'appeler "réfugiés" des hommes, des femmes et des enfants qui sont en fait des oubliés. L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) considère comme réfugié tout Palestinien ayant vécu en Palestine au moins deux ans avant l'exode de 1948 et ayant été expulsé, ainsi que ses descendants. Comme une soupape de survie, les programmes d'assistance humanitaire leurs délivrent au compte goutte le nécessaire vital. Soixante années d'une interminable parenthèse facilitent grandement l'imprégnation du fondamentalisme qui quelque soit son appellation et sa référence religieuse, a l'immense mérite de fournir à bon compte une espérance et un projet de vie à ceux qui n'en ont plus.

Comme première sortie, le nouveau Ministre des Affaires étrangères de la France est allé "réaffirmer la solidarité de la France avec le Liban et avec sa population". Il a bien fait. Nonobstant ce geste et l'attention internationale focalisée sur le devoir de justice à l'égard de l'ancien Premier ministre libanais, il reste à poser un oeil lucide et décomplexé sur le fonds des questions qui font injustement payer au Liban, aujourd'hui comme hier et peut-être demain, le prix trop fort de déséquilibres territoriaux dans la région.

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