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l'éternité plus un jour
2 juin 2007

Travailler plus pour gagner plus

Ce fut l'un des principaux gimmick de la campagne du Président de la République. Le Premier ministre devrait prochainement en faire la mélodie d'un projet de loi, peut-être le premier de la nouvelle législature; tout un symbole.

Pourtant, à l'aune de la victoire, ce slogan de campagne n'est pas exempt d'ambiguïté. Il peut conduire à une double interprétation. Selon qu'on pense à soi ou à la France, le gain substantiel issu d'un surcroît de travail n'a pas la même destination.

L'augmentation du taux de rémunération des heures supplémentaires est effectivement présentée comme un supplément de pouvoir d'achat pour tous les salariés.

L'interprétation égocentrique du "travailler plus pour gagner plus" glisse incidemment vers l'appréhension d'un enjeu collectif que tous les experts ont mis en exergue au cours de la campagne. C'est ainsi que l'éminent Cercle des économistes a présenté un postulat imparable à toute politique économique consacrée à l'emploi:

"Les Français disposent aujourd'hui d'un revenu par tête inférieur d'environ un tiers à  celui des habitants des Etats-Unis. Cela résulte moins d'une productivité plus faible ou d'une structure démographique plus défavorable que d'une quantité moyenne de travail par personne d'âge actif nettement inférieure. En 2005, selon les données de l'OCDE, 62,3% des 15 à 64 ans étaient en emploi en France et ils ont en moyenne travaillé 1535 heures au cours de l'année, contre respectivement 71,5% et 1804 heures aux Etats-Unis. En moyenne, donc une personne d'âge a fourni dans l'année 956 heures (62,3% de 1535) en France, et aux Etats-Unis 1290, soit 35% de plus. (...) Cette méthode met en évidence une différence marquante entre les deux pays: davantage d'Américains travaillent, et chacun d'entre eux pour davantage d'heures par an." Cette évaluation scientifique correspond au diagnostic affiché par la Président de la République dans son livre Ensemble: "Le monde travaille davantage. La France travaille moins. Tout le problème de la France est là" (p.111).

De fait, en impactant la durée globale de travail, la majoration des heures supplémentaires devrait satisfaire un intérêt collectif en terme d'activité et de croissance. Décuplé, l'activisme au travail des salariés doit servir d'entraînement. Il répondra à une demande elle-même engendrée par le surcroît de revenu qui en découlera et se traduira par la création de nouveaux emplois dont les chômeurs profiteront.

Pour autant, la relance par la consommation ainsi engagée risque de ne pas suffire à résorber les déficits publics et à réduire la dette. La dérive insouciante des comptes sociaux, notamment, ramène à une juste proportion les promesses du projet présidentiel et le gain d'un surcroit de travail attendu des français en matière de pouvoir d'achat.

Ainsi, Eric Woerth, le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, voulait être le "Ministre des économies". Fort de cette appellation vertueuse au regard de la situation budgétaire de la France, il avait trouvé plutôt sage de limiter dans le temps la déduction sur les intérêts d'emprunt accordée aux acquéreurs de leur logement. S'étant prestement fait remonter les bretelles par le Président de la République - "Je vois bien que la pensée unique est de retour" -, le Ministre a vite corrigé sa façon d'envisager sa mission en annonçant un report de l'effort à effectuer en matière de réduction des déficits et de la dette. Jusqu'à quand?

De même, quelques jours plus tard, le Comité d'alerte sur l'évolution des dépenses d'assurance-maladie mettait à jour un dépassement de deux milliards d'euros en 2007 sur les estimations prévues. Qui va payer cette dérive?

Quand bien même l'audace aurait raison de la pensée unique, dans la mer des déficits qui la cernent de toute part, l'économie française pour continuer de flotter a bien besoin de travailler plus pour payer plus.

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Commentaires
M
Sans le bel emballage des discours de Guaino, il ne reste plus aujourd'hui que les mesures du programme sarkozyste, entre slogans pour appuyer un propos idélogique et mesures catégorielles électoralistes. <br /> <br /> Les plus ardents supporteurs de Sarko pendant la campagne insistaient louaient son programme économique au motif qu'il rompait avec la politique de la demande pour entrer dans une politique de l'offre ... et au final, on assiste à 15 milliards de cadeaux fiscaux financés par la dette, à des gens qui pour la plupart n'avaient rien demandé. <br /> <br /> Je me demande de plus en plus si sarkozy a vraiment une stratégie économique et si son crédo ne se résume pas à honorer les promesses électoralistes qu'il a faite pendant la campagne ...
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