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l'éternité plus un jour
31 octobre 2007

L'affaire de l'arche de Zoé...

Ou quand les bons sentiments s'écrasent sur la realpolitik.

Cette aventure rocambolesque de pieds nickelés prend un tour politique de grande ampleur. En même temps, elle révèle une part d'ombre de l'action humanitaire qui n'est pas qu'angélisme et béatitude. Deux remarques peuvent venir corroborer cette perception.

D'abord, depuis le terrible Tsunami d'Asie du Sud-Est, lorsque le Président de Médecin Sans Frontière avait fait scandale en demandant qu'on cessât de lui envoyer des dons, on sait bien que l'argent n'est pas un problème. Le fameux Téléthon qui devrait revenir prochainement atteste de cette prospérité acquise tant sur la culpabilité que la générosité des plus modestes. Même si l'on peut s'en inquiéter, il n'est pas étonnant qu'un cadre commercial un tant soit peu charismatique, pompier volontaire par surcroît, ait pu mobiliser une équipe et des moyens conséquents pour exfiltrer une centaine d'enfant du Tchad. L'engagement ou l'adhésion à une cause est le meilleur placebo pour épancher nos mauvaises consciences d'occidentaux.

En qualité d'interface intéressé, entre l'émotion des opinions publiques et la rigidité des Etats, les plus belles ONG sont devenues des multinationales. Avec la puissance digne d'un mol pénétrant, elles s'ingèrent sans retenues dans les relations internationales sous couvert d'une dévotion aux valeurs humanistes foulées au pied par les règles institutionnelles qu'elles contournent. Vu leur nombre en croissance exponentielle parce que proportionnel aux malheurs humains qui abondent sur la planète, elles constituent un sacré marigot qui est passé en quelques années d'une saine émulation partagée à une concurrence féroce, sous couvert de rigueur professionnelle. Là encore, le désastre du Tsunami ou la course au génome du Téléthon l'attestent comme le confirme la façon dont l'Arche de Zoé est perçue par les autres organisations humanitaires présentes au Tchad.

Et l'on retrouve ici la réalité politique comme seconde remarque. Grâce au fond médiatique alimenté par cette affaire, la communauté internationale sensibilisée à la guerre du Darfour, a les yeux braqués sur le Tchad. Quelle aubaine pour son Président qui n'est pas forcément plus idiot que Muhamar Kadhafi. Idriss Déby a certainement en tête le précédent des infirmières bulgares. Pour sa bonne fortune, il aurait tort de ne pas s'en inspirer en, traitant de la même manière l'équipe de l'Arche de Zoé qu'il tient à la merci de son bon vouloir au service de ses ambitions politiques dans un contexte régional où il a gros à gagner.

De fait, dans leur élan, les ONG finissent pas se croire au dessus du droit international sous prétexte de se confronter, dans des rapports de force obscurs, à des Etats, sans égard pour les droits humains ou l'intégrité de leurs populations mais néanmoins souverains.

Ce qui est piquant dans l'imbroglio de l'arche de Zoé, c'est qu'il revienne à Bernard Kouchner, French Doctor illustre et concepteur pour partie d'un droit d'ingérence plus ou moins codifié, d'avoir à rappeler à l'ordre international et au respect de la diplomatie des Etats, des exaltés dans lesquels il aurait certainement pu se retrouver s'il n'était pas, en ce moment, le chef de la diplomatie française.

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