Fin de parti
Comme aux plus beaux jours de la montée irrépressible du Front National, le front républicain est revenu à Hénin-Beaumont. L'enjeu n'est pourtant plus ce qu'il était. Sans les turpitudes extravagantes d'un maire davantage porté à la délinquance en col blanc - l'édile socialiste disposait d'un coffre fort dans son bureau - qu'au bien public, le parti d'extrême droite poursuivrait sans bruit sans descente dans l'abîme d'insignifiance vers laquelle le conduit son vieux maître. La boutique de Jean-Marie Le Pen ne survivra pas à son fondateur. L'élection d'Hénin Beaumont ne sera pas le début d'une nouvelle ère pour le Front National. Alors que son prédécesseur avait préféré faire l'autiste, Nicolas Sarkozy a su stériliser le discours du leader frontiste pour mieux ancrer ses diatribes outrancières dans un passé révolu. De quoi susciter le déclin de vocations militantes qui pendant vingt cinq ans - une génération - ont trouvé dans le combat contre l'extrême droite l'unique objet de leur ressentiment politique. Dans un jeu à somme nulle, les contraires se retrouvaient pour effaroucher une République soumises aux turbulences d'une crise existentielle brassée par la mondialisation.
"Fatigué, vieilli, usé", Jean-Marie Le Pen se laisse aller à des confidences d'ancien combattant. Soldat politique sans médaille, il aura finalement toujours préféré les batailles aux victoires. Il est toujours plus facile d'éructer que de gérer. Il ne lui reste plus aujourd'hui qu'à faire constater le souvenir de sa vérité avec le souci de ranimer la nostalgie de son passage dans l'histoire. Pour le tribun, point de mémoires à dédicacer, juste une parole à distiller face à des journalistes désireux de jouer avec la bête immonde jusqu'au bout. Il est en effet curieux que Libération ait pu accepter un déjeuner avec le diable. Finalement, l'interview réalisée par ses journalistes dans l'antre sulfureuse de Montretout aura suscité moins d'émoi que l'invitation accordée au Président de la République dans les pages du Nouvel Observateur. C'est un signe