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l'éternité plus un jour
6 juillet 2009

Fin de parti

Comme aux plus beaux jours de la montée irrépressible du Front National, le front républicain est revenu à Hénin-Beaumont. L'enjeu n'est pourtant plus ce qu'il était. Sans les turpitudes extravagantes d'un maire davantage porté à la délinquance en col blanc - l'édile socialiste disposait d'un coffre fort dans son bureau - qu'au bien public, le parti d'extrême droite poursuivrait sans bruit sans descente dans l'abîme d'insignifiance vers laquelle le conduit son vieux maître. La boutique de Jean-Marie Le Pen ne survivra pas à son fondateur. L'élection d'Hénin Beaumont ne sera pas le début d'une nouvelle ère pour le Front National. Alors que son prédécesseur avait préféré faire l'autiste, Nicolas Sarkozy a su stériliser le discours du leader frontiste pour mieux ancrer ses diatribes outrancières dans un passé révolu. De quoi susciter le déclin de vocations militantes qui pendant vingt cinq ans - une génération - ont trouvé dans le combat contre l'extrême droite l'unique objet de leur ressentiment politique. Dans un jeu à somme nulle, les contraires se retrouvaient pour effaroucher une République soumises aux turbulences d'une crise existentielle brassée par la mondialisation.

"Fatigué, vieilli, usé", Jean-Marie Le Pen se laisse aller à des confidences d'ancien combattant. Soldat politique sans médaille, il aura finalement toujours préféré les batailles aux victoires. Il est toujours plus facile d'éructer que de gérer. Il ne lui reste plus aujourd'hui qu'à faire constater le souvenir de sa vérité avec le souci de ranimer la nostalgie de son passage dans l'histoire. Pour le tribun, point de mémoires à dédicacer, juste une parole à distiller face à des journalistes désireux de jouer avec la bête immonde jusqu'au bout. Il est en effet curieux que Libération ait pu accepter un déjeuner avec le diable. Finalement, l'interview réalisée par ses journalistes dans l'antre sulfureuse de Montretout aura suscité moins d'émoi que l'invitation accordée au Président de la République dans les pages du Nouvel Observateur. C'est un signe

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Commentaires
D
Le Pen? On le regrettera! On regrettera ses coups de gueule, ses jeux de mots oiseux, ses prises de position douteuses qui en faisaient un repoussoir idéal. Homme de la IVe République, à l'aise uniquement dans l'opposition et dans l'invective, ce nostalgique des guerres coloniales et d'un Empire d'un autre âge aura passé le plus clair de son temps à fédérer, non sans succès, une extrême-droite divisée à l'infini et que l'on disait moribonde. Infréquentable, bien que paraît-il fort cultivé et d'un commerce agréable en privé, il aura empêché l'émergence d'un grand parti à la droite de la doite et qui aurait pu se révéler incontournable si Le Pen n'avait pas été le trublion que l'on sait. La droite lui doit de se présenter aujourd'hui vierge de toute compromission avec ceux qui défendaient la collaboration, l'OAS, ou niaient les chambres à gaz. La gauche lui doit beaucoup, beaucoup d'élections gagnées parce que la droite ne pouvait pas s'allier au vieux tribun déconsidéré.Mais qu'on ne s'y trompe pas, il y aura toujours un courant poujadiste de petits blancs laissés pour compte, d'anti-parlementarisme primaire et instinctif, d'anti-establisment, d'anti-bourgeoisie, de gens qui souffrent parce qu'ils sont méprisés ou abandonnés. Le jour où un (une?) nouveau tribun charismatique abandonnera la rhétorique passéiste de Le Pen pour se faire le chantre de ceux qui ont été oubliés, on regrettera Le Pen car nouvea tribun sera autrement plus dangereux.
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