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l'éternité plus un jour
3 décembre 2006

François Bayrou se lance

Comme les autres, François Bayrou a déclaré sa candidature à l'élection présidentielle avec une recherche sophistiquée des apparences. Néanmoins, son appel des cimes n'a pas pu  se substituer totalement à une présence au journal de 20h00 de TF1. Comme quoi les dénonciations outragées à l'encontre des puissants de l'audiovisuel ne valent pas grand chose face à l'apanage des grands rendez-vous de la communication de masse. L'authenticité affichée et l'humilité feinte, assortie d'une certaine démagogie n'interdisent pas la lucidité et le sens de l'efficacité. De fait, cette ambivalence entre les propos et les pratiques constatées lors de la mise sur orbite de la candidature du Président de l'UDF, constituent la marque de fabrique de son positionnement politique. Il n'est pas sans risque du point de vue de la rectitude de ses idées et de la cohérence de sa démarche.

Sur le fonds, sa posture frise effectivement la dyslexie politique. D'abord, il se complait dans la contestation permanente assortie d'une véhémence peu commune pour un centriste. Son irrépressible vocation de présidentiable lui a permis, avec quelques apôtres inconditionnels, de résister aux vents unitaires de l'UMP. Qu'il ait eu raison sur le fonds est une autre histoire. Or pour se différencier, rien de tel que se désolidariser en grossissant le trait pour mieux présenter une version apocalyptique de la politique menée depuis cinq ans. Son enthousiasme à se différencier le conduit, parfois, à être plus vindicatif que l'opposition en exercice et les extrêmes réunis. Outre sa réflexion nourrie aux meilleures sources de le "déclinologie", sa posture se fonde sur une dénonciation facile des institutions dont le principe majoritaire renverrait à la marcescence de l'alternance.

Ainsi, ce qui fait le charme singulier de François Bayrou, c'est quand l'esprit frondeur de la contestation rencontre l'inconséquence hâbleuse de la contradiction.

Fustigeant également la droite et la gauche, le Président de l'UDF se place dans un ailleurs dont il serait la tête pensante. Du haut de sa magnanimité rassembleuse, tel un bien heureux détenteur de la pierre philosophale, l'efficacité politique s'agrégerait autour de sa personne. Il nous dit: retenez-moi et je ferai un malheur avec celles et ceux que j'aurais choisis! De quelque bord qu'ils soient, aujourd'hui fustigés et rejetés pour leur impéritie, ils seront demain les meilleurs, par le grâce de mon onction qui vaut comme "une démarche politique nouvelle". Il faudra être bien attentif au cours de cette campagne à distinguer dans les propos de François Bayrou les critiques des appels du pieds adressés à ses adversaires. De même, cette logique rénovée du dialogue en politique qu'il s'agisse de se combattre ou de s'agréger au delà des distinctions partisanes, sera tout particulièrement intéressante à apprécier lors des élections législatives qui suivront la présidentielle.

De fait, François Bayrou propose deux postures pour le prix d'une et s'offre l'avantage comparatif de la rentabilité politique sur deux fronts apparemment antinomiques. Vous êtes profondément aigris par la politique et votre slogan c'est "tous pourris": vous êtes l'électeur de François Bayrou. Vous rêvez d'une fraternité nouvelle où tous les hommes de bonne volonté se donneraient la main pour un monde meilleur: François Bayrou est votre candidat. Le Président centriste n'est pas loin d'avoir réussi l'amalgame de l'autorité de la démagogie et du charme de l'oecuménicité.

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Commentaires
M
Cette volonté de réunir autour de lui les meilleurs de droite et de gauche pour mener une politique pragmatique partant des grands principes simples, ne fait-il pas de lui le candidat archetypal du système et de la pensée unique ? <br /> Sarko nous promet une rupture avec la france de maintenant, Ségolène avec ... heu ... le désordre injuste (j'ai bon?) Bayrou, lui nous promet une rupture avec le bipartisme et l'alternance. C'est bien ça son programme ? <br /> Donc élire bayrou, c'est le moyen le plus sûr d'avoir l'extrême droite au pouvoir au coup d'après. non ?
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K
"De quelque bord qu'ils soient, aujourd'hui fustigés et rejetés pour leur impéritie, ils seront demain les meilleurs, par la grâce de mon onction qui vaut comme "une démarche politique nouvelle""<br /> <br /> C'est pas mal vu, ça, effectivement !
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