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l'éternité plus un jour
22 juillet 2007

Au secours, pardon de Frédéric Beigbeder, Grasset, 322 pages, 19 €

9782246678014A force de laisser croire que son talent est ailleurs, Frédéric Beigbeder incite à penser du mal de ses livres. C'est vrai qu'autour d'eux il en fait beaucoup trop. Ca part en tout sens. Ce n'est pas forcément de bon ton et ça mélange les genres. A force de le voir dans le paysage médiatique, petit soldat du toc sur papier glacé, plus talentueux que tant d'autres, Frédéric Beigbeder fait semblant d'être provocant. Il serait dommage d'en rester là avec lui. Il vaut mieux qu'une condescendance bourgeoise qui ne devrait pas résister à la lecture de Windows of the world.

Au final d'un feu d'artifice qui entend allumer l'opinion, reste un homme plus si jeune, prétendument revenu de tout et surtout de l'accessoire, pour passer à une analyse introspective en quête de sens. "La solitude fut le cadeau d'anniversaire de mes quarante ans. C'est tellement compliqué d'être libre."

Derrière la fumée de l'autofiction, Frédéric Beigbeder voudrait nous faire croire à sa misère morale et à son désespoir mondain. "Je suis une victime (...) du désir mondialisé, de la société sexuelle". Dans ce récit qui ne conduit nulle part, engoncé qu'il est dans la froideur dépravée de Moscou passée en peu de temps de la nomenklatura à l'oligarchie, il n'y a pas grand chose à relever tant l'auteur semble être ailleurs. En bon fils de pub devenu plus réfléchi avec l'âge, "mais à mon avis, fuir c'est comme chercher à l'envers", il prend le prétexte romanesque pour dérouler une suite plutôt bien sentie d'aphorismes, de bons mots et de slogans qui, pris au premier degré, pourraient conduire le lecteur à la déprime. Heureusement c'est Frédéric Beigbeder qui écrit. Ca permet d'atténuer le tragique de la situation qui fait courir l'homme dans une quête perpétuelle de l'hédonisme et de la jeunesse. "Mon histoire finira mal, je le sais. La dictature de la beauté engendre la frustration et la frustration engendre la haine. On ne peut pas participer impunément à cette idéologie."

Quand bien même il irrite ou fatigue, il est finalement difficile d'en vouloir à Frédéric Beigbeder. Il sait trop bien en rajouter et forcer le trait qu'on ne peut oublier que l'essentiel demeure le fonds de vérité qu'il touche. C'est peut-être même ce qui compte heureusement pour une modeste part dans sa popularité. Et puis, à quoi bon en dire du bien ou du mal? Pour ou contre, c'est du pareil au même. Il en tire toujours quelque chose pour faire parler de lui.

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