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l'éternité plus un jour
28 août 2010

La rentrée en primaires des socialistes

Avec les primaires, les socialistes ont-ils trouvé la machine à perdre? La séquence qui s'ouvre sur la traditionnelle université du Parti socialiste va finir par nous en convaincre. Et je ne comprends pas bien quel intérêt Arnaud Montebourg trouve à les défendre sauf à soupçonner ce bretteur invétéré, irrémédiable contempteur de l'élection du Président de la République au suffrage universel, de se complaire dans une opposition outrancière et définitive à Nicolas Sarkozy.

L'unité qu'on affiche à la Rochelle n'est que pure façade lorsque le champion des sondages (59% des intentions de vote) est l'absent de la fête de famille. La situation du Parti socialiste est au paroxysme du paradoxe. Alors que chaque éléphant entend se concentrer sur l'essentiel - on veut croire par là le fonds et le projet politique - en surfant sur une "envie de gauche" dans le pays, c'est bien la montée en puissance du processus électoral interne au Parti socialiste pour désigner le challenger du Président de la République qui fait jaser. Cet exercice extrêmement bien cadré, ouvert à toute la gauche mais qui en réalité, ne concernera que les socialistes va agiter les esprits, nourrir les commentaires, ourdir les manoeuvres, faire les unes de la presse et booster la vente des essais politiques. A tout seigneur tout honneur, on s'impatiente de l'entrée en lice de la Première secrétaire? De son ton sentencieux, le regard charbonneux, Martine Aubry a déclaré aux journalistes:  "Nous ne sommes pas  sortis de la crise. La rentrée scolaire va être très difficile, la sécurité c'est une catastrophe et vous me demandez de savoir si je vais présenter ma candidature en décembre, en janvier ou en décembre? Excusez-moi, mais les français s'en foutent". Les français, assurément! Mais pas les militants socialistes et ceux qui font l'opinion. Cette sortie offusquée de la Première secrétaire ne trompe personne.

De même, il faut lire en trompe l'oeil la définition que donne Pierre Moscovici des primaires dans une tribune du Monde consacrée à pousser, sinon la candidature de Dominique Strauss-Kahn, du moins la sienne : " J'ai assez défendu le principe pour refuser qu'elles se réduisent à un simulacre ou à un sacre (sic). Elles doivent au contraire permettre la confrontation démocratique et équitable entre différentes conceptions d'une politique de gauche et l'exercice du pouvoir". Avec le talent contrarié qui est le sien, Laurent Fabius pense-t-il être compris quand il déclare: "Nous n'allons pas, tels les héros d'Homère, nous défier les uns les autres". Quant à Christophe Borgel dont j'ignore d'où il parle, a-t-il bien saisi les effets collatéraux de cette course à l'échalote lorsqu'il affirme: "Nous sommes sur un chemin collectif, il n'y a aucun leader socialiste qui puisse sortir du collectif"? Loin de ces belles paroles et de douces promesses, il est à craindre qu'on en restent tout bonnement aux jeux d'appareil qui ont fait les joies et les peines du Parti socialiste depuis quinze ans, aux divisions et aux ambitions personnelles qui sont le moteur de l'histoire. Pas besoin "Qu'on me donne l'envie!" pourraient chanter ces vedettes aux petits pieds. N'en jetez plus! Jean-Louis Bianco que personne ne connaît pourrait se faire plaisir et concourir. Benoît Hamon qui joue de son sex appel juvénile mais qui n'est qu'un simple Conseiller régional brutalement défait aux dernières élections européennes, se tâte. Vincent Peillon a cru bon de s'exprimer pour dire qu'il n'avait pas l'intention d'y aller, ce qui veut tout dire. Les primaires socialistes vont tourner au concours de beauté. Au fur et à mesures que les prétendants se dévoileront où menaceront de le faire d'ici le mois de juin, le parti s'effilochera davantage, les électeurs s'éloigneront.

Les primaires sont un pis-aller entériné à contre coeur par des présidentiables en mal de légitimité. C'était pour eux le meilleur moyen d'entretenir l'illusion d'un destin politique et de retarder leur déclin. A force d'avoir été de toutes les guerres fratricides, Laurent Fabius ne pouvait pas y aller à la hussarde. Dominique Strauss-Kahn estime qu'il pourrait peut-être, à condition d'être sur de gagner et sans trop se fatiguer, se rêver un destin présidentielle à l'échelle de la France. A force de faire sa bêcheuse, Ségolène Royal se dit qu'il serait trop aléatoire d'envoyer balader trop tôt un exercice de démocratie participative qui lui fut profitable. Elle pourra toujours, le moment venu, s'en affranchir en dénonçant l'organisation frauduleuse et partiale de cette consultation. Comme toujours, François Hollande se laisse ballotter dans une participation molle au débat semblant considérer sa participation comme on décide d'acheter un ticket de loterie. Quant à Martine Aubry, elle s'est soumise à cette pantalonnade au moment où son emprise sur les socialistes était encore mal assurée. S'étant affirmée comme chef de parti, elle se verrait bien s'imposer naturellement comme chef de l'opposition en charge de l'alternance sans passer par l'exercice dégradant des primaires. Elle gagnerait du temps.   

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