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l'éternité plus un jour
24 octobre 2010

Le moment du remaniement

Plus s'approche la sortie de crise, plus la presse politique a du mal à refréner son ardeur à passer à autre chose. Son impatience concerne le remaniement annoncé par le Président de la République au début de l'été. A force d'attente, le suspens reste entier. Il valide de fait l'annonce prétendument prématurée de Nicolas Sarkozy. Quoi qu'en aient pensé certains commentateurs, cette anticipation n'était pas dénuée de sens politique. Le Chef de l'Etat a pu prendre le temps, en jouant d'une certaine distance cruelle, de voir s'agiter les prétendants à l'image de cette pauvre Michèle Alliot-Marie. Il a pu ainsi jauger leur engagement à défendre l'action gouvernementale, leur capacité pour des fonctions ministérielles et la popularité de leur éventuelle nomination. C'est politiquement habile, autant en tout cas que l'effet de surprise, mais toujours éphémère, recherché dans un remaniement.

Les pronostics vont bon train sur le nom du prochain Premier ministre. La question vaut d'être posée tant le choix de remplacer ou de maintenir François Fillon est cornélien. En politique, il n'y a pas de solution idéale, c'est plus sûrement la "moins pire" qu'il faut savoir retenir. Lâcher un Premier ministre dans la nature est un risque qu'il convient de calculer. Le Président de la République doit savoir se prémunir contre son "collaborateur" qui deviendrait libre de ses propos. En même temps il apparaît impossible de donner l'éclat attendu à ce changement d'équipe gouvernementale en conservant François Fillon à son poste.

Compte tenu de son faible niveau de popularité et de l'agitation profonde et inquiète qui fait trembler la France, Nicolas Sarkozy doit "rebattre les cartes et changer le jeu". Dans cette exercice, la personnalisation est un gage pour marquer les esprits, faire rebondir l'opinion et entrer dans une nouvelle ère. Au fur et à mesure que l'échéance approche, Jean-Louis Borloo s'avance difficilement masqué sur la route de Matignon. Il n'a pas eu besoin d'en parler avec le Président pour savoir que le poste est tentant qu'il a les qualités pour s'y exprimer et l'ambition pour y postuler. Pour panser les plaies laissées ouvertes par la réforme des retraites et plus largement les affres de la terrible crise économique et financière, il faudrait sans doute un homme nouveau en mesure de pacifier le climat social en sorte que la mission première de Nicolas Sarkozy consistant à rétablir sa relation avec les Français soit facilitée.

Dans cette perspective, deux indices sont à retenir pour apprécier la côte du Ministre d'Etat, Ministre de l'Environnement et d'une foule d'autres choses. C'est d'abord la parole du Secrétaire général de l'Elysée. Toujours informé aux meilleures sources, Claude Guéant est un relais sérieux de la pensée présidentielle lorsqu'il s'exprime: "Il a pour lui deux qualités: c'est un orfèvre en matière sociale et il a l'oreille des syndicats". La louange portant appréciation de Jean-Louis Borloo est assez forte pour mériter l'attention. Elle sort renforcée de la dernière intervention radiophonique de Jean-Pierre Raffarin. L'ancien Premier ministre qui n'a jamais beaucoup supporté François Fillon, a plaidé pour "un acte II très différent du quinquennat" en demandant "un plan de relance sociale" et une reprise du dialogue avec les syndicats. N'y a-t-il pas meilleur chef d'orchestre pour ce programme que l'orfèvre cité plus haut, quant bien même "ce n'est pas un bavard", surtout en temps de crise?

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