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l'éternité plus un jour
31 octobre 2010

Les grandes gueules vous saluent

Non sans un certain panache, Philippe de Villiers a démissionné de la Présidence du Conseil Général de Vendée: "La réforme territoriale, la fin de l'autonomie fiscale, l'esprit de l'époque, les impatiences rendent ma décision opportune, sage et nécessaire". Ayant fait corps avec cette terre de l'ouest pendant près de trente ans, cet acte signe comme la fin politique d'une personnalité iconoclaste dont la parcours n'aura pas été indifférent à la vie publique nationale. Il ramène à une comparaison avec le décès de Georges Frêches.

L'un et l'autre ont réussi à cheminer en marge de leurs familles de pensée avec l'ambition partagée  d'incarner "l'insoumission absolue". Ils y ont été perçus comme des frondeurs populistes aux discours fleuris et parfois sulfureux, amérement tolérés au regard des calculs politiques qu'imposent la voie vers une majorité. De même, vilipendés au niveau national, ils ont manié le paradoxe d'être encensé au niveau local. Ils auront marqué d'une empreinte certaine leurs terres d'élection sur la base d'un ancrage culturel et historique - la Septimanie et les guerres de Vendée - qui ne les empêchaient pas de regarder vers l'avenir.

Si les parcours se ressemblent, la sortie différe. Alors que le Président de la Région Languedoc-Roussillon est mort sur scène, auréolé de sa dernière et implacable victoire au dernier scrutin de mars - on regrettera son absence du débat qui pointe avec les primaires socialistes -, Philippe de Villiers est défait par les siens. Il quitte son poste dans une atmosphère rugueuse d'amertume et de rancoeur. Rejetté à force d'avoir abuser d'un comportement altière et autocrate comme son pendant méridional, il constate la ruine de son autorité et de son aura. Le papier du JDD est éloquent sur cette plongée solitaire en abîme. Il creuse jusqu'à l'intime pour mettre en lumière l'inadéquation de sa vie privée avec les préceptes moraux qu'ils entendait, au delà de son combat européen, incarner sans scrupules dans sa vie publique.

En tirant leur révérence, ces fortes têtes ont néanmoins le bonheur légitime de rappeler à nos mémoires l'oeuvre qu'ils laissent derrière eux ; Montpellier pour l'un, le Puy du Fou pour l'autre, pour ne rappeler que l'essentiel. Ils ont modernisé et dégrossi des territoires situés jusque là à la marge. Le crépuscule des grands élus est toujours teintés d'une reconnaissance magnanime comme l'atteste le bal des faux culs des édiles socialistes autour de la dépouille de Georges Frêches. Ils rendent hommage à un homme qu'ils avaient pourtant exclus de leurs rangs et décider de combattre d'une contre attaque affligeante lors des dernières régionales. Le cadavre est encore chaud qu'on envisage même la réintégration dans la famille de ses amis autrefois honnis.

Par leurs outrances qui avaient le mérite d'animer le débat en suscitant de la part de leurs contempteurs l'indignation outragée sans laquelle il n'y a pas de postures politiques valables, Georges Frêches et Philippe de Villiers ont également marqué par ce contraste qu'ils incarnaient avec la verve qu'ils déployaient dans l'exercice oratoire et le ton trop souvent aseptisé d'une classe politique monocolore dominée par le politiquement correct.

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