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l'éternité plus un jour
11 novembre 2010

Encore et toujours le remaniement

Tout le monde traite par le ridicule et le mépris cette course - de lenteur - au remaniement. En même temps, on ne parle que de ça, et souvent à tort et à travers!

Perdue dans de telles conjectures, la communication politique sert merveilleusement la diversion qui s'impose. Avec cette affaire de changement d'un Premier ministre qui ne devrait finalement pas changer, on est servi. C'est finalement un bon coup opéré par le Président de la République. La constitution de sa nouvelle équipe gouvernementale qui devrait être présentée en début de semaine prochaine, constitue une intrigue diversissante pour laisser dernière nous cette réforme des retraites, la faire infuser dans les consciences avant de la ressortir comme un fait d'arme du candidat-Président de 2012.

Cette péripétie de la contingence qui ne donne le choix au Président de la République qu'entre des inconvénients - la dernière fois qu'on a parlé d'une "dream team" c'était celle de Lionel Jospin - pourrait bien clairsemer les forces à droite et démasquer les intentions avant l'heure du prochain scrutin présidentiel.

En conservant François Fillon à Matignon, Nicolas Sarkozy se ménage un "second" - "j'aurai besoin de toi en 2012" - à l'insolente popularité qui aurait pu être exploitée contre lui au titre d'un recours. Avec un quinquennat en partage, les deux hommes seront comptables du bilan. Néanmoins, le moment venu, c'est bien le Chef de l'Etat qui pourra se prévaloir des transformations et apparaître comme le Président réformateur. En outre, c'est de lui que viendra le projet pour lequel François Fillon, comme en 2007, ne serait qu'un inspirateur averti. De fait, en affichant clairement son souhait de rester à son poste et de maintenir un lien de subordination avec Nicolas Sakozy, François Fillon prend curieusement le risque de borner lui-même son avenir politique.

Pour Jean-Louis Borloo qui fut son meilleur rival, le moment est également crucial en terme de trajectoire personnelle. Il doit montrer ce dont il a envie mais surtout ce dont il est capable. Ce n'est pas mince, mais il l'a bien cherché. Demeurer simple membre du Gouvernement, même à un poste prestigieux, n'aurait plus de sens après qu'il a manoeuvré comme un forcené pour se hisser au niveau de chef du gouvernement. Il lui reste donc à faire le grand saut pour incarner un leadership et porter une ambition présidentielle jusque là pas vraiment révélée, même pas à lui-même. Il se confronterait à d'autres prétendants qui n'ont trouvé ce positionnement que pour mieux satisfaire et déployer leur haine à l'égard du Président de la République, Dominique de Villepin et François Bayrou, ou juste tenter d'exister timidement dans une singularité programmatique sans souffle ni talent, tel Hervé Morin et Christine Boutin. Recalé pour Matignon, Jean-Louis Borloo doit s'inscrire dans cette engeance. Il devra s'imposer dans ce ventre mou nervuré de sous chapelles et d'ambitions contradictoires, en mal d'inspiration et de vertébres. En  lui permettant de s'émanciper, Nicolas Sarkozy abandonnerait judicieusement l'idée de sa seule candidature à droite au premier tour et tirerait indubitablement avantage à laisser courir quelques faire-valoirs à ses côtés. Ce faisant, il incite à une recomposition du centre, "poussant au cul" celles et ceux qui s'en réclament, redonnant vie à un clivage disous dans l'UMP et qui constitua pendant des décennies le ferment d'une division indissoluble de la droite parlemenaire pour le plus grand bonheur de François Mitterrand et la gauche.

Mais tout ça n'est que suppositions futiles et imagination superfétatoire. D'ici à la semaine prochaine cent scénarios auront été réécrits.

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