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l'éternité plus un jour
25 novembre 2010

Autre temps, autres moeurs

Il y a des infos qui sont un pur bonheur pour attiser la nostalgie d'un monde politique en voie d'extinction. La page 3 du Monde de ce jour est, de ce point de vue, une pépite.

Elle exhume des pratiques d'un autre âge à l'heure de la transparence scandinave quand des juges d'instruction en mal d'ego aspirent à régenter la France sous couvert d'écologie politique. A l'époque, la loi ne disait pas tout, le juges n'en savaient pas davantage. Ce n'était peut-être pas plus mal. L'indulgence recouvrait les élus d'une candeur pudique. Les valises étaient pleines de coupures, les affaires encore sous l'éteignoire. On ne suivait pas encore les dépenses à la trace des cartes visa. L'intimité restait privée La mode n'était pas non plus à la vertu qu'on impose à son voisin, à la morale qu'on érige en programme de Gouvernement et à l'abnégation dont on aimerait voir souffrir ceux qui nous dirigent.

Heureux homme que Jacques Chirac, décidément vernis à tous les étages d'une carrière prolixe. Dans la règle du droit portée au plus haut par une instance siégeant au dessus du peuple souverain, il n'aurait pas pu être élu en 1995. Merveilleux papier que cette enquête du Monde qui révèle que ses comptes de campagnes, avec ceux de son ami de trente ans, étaient incinsères. On leur reproche quelques millions en balade, sans origine ni traçabilité. L'expertise était formelle mais c'était sans compter sur la tête du Conseil Constitutionnel. Extraordinaire Roland Dumas, placé là par la grâce de François Mitterrand. Comme son maître, l'ancien Ministre des Affaires Etrangères en sait beaucoup du dessous des cartes. A force de les avoir manipulées il a bien mesuré le peu de cas qu'il faut savoir accorder au droit et à ses principes. Pour cet amateur de complots et d'intrigues politiques façon trois mousquetaires à la Libération de Paris, il sait jouer des règles et s'affranchir de la morale. Cette seconde nature ne l'aura pas quitté à son entrée au Conseil Constitutionnel.

Pour en revenir à Jacques Chirac, il n'aurait jamais dû être Président de la République sans cette part d'irrationalité et d'inconvenance qui fait de la politique  un amalgame subtile de grands principes et de petits arrangements. 1995, le Conseil Constitutionnel devait invalider ses comptes de campagne. Le 21 avril 2002 aurait dû placer Lionel Jospin au second tour. Au milieu coule un flot d'affaires qui, les unes après les autres auront fait "Pschitt!" dans l'attente d'une parodie de procès. Par de tels coups du sort qui détournent le destin d'une voie trop tranquille, on mesure mieux la vanité des choses et les combats inutiles qu'on veut y opposer. Même Arnaud Montebourg a renoncé.

Enlisé dans un délire collectif ou l'air du temps démocratique, agité par une performance technologique inédite, n'en à qu'après la transparence et l'exhibitionnisme, il faut démasquer un délinquant derrière chaque élu.  Et même si c'était vrai? La politique n'est pas très généreuse avec les perdreaux de l'année. Une carrière ne se construit pas sur du sable et des bons sentiments. Le pouvoir, tu le veux? Tu le prends! Seule différence avec la fuite du temps, aujourd'hui, il faut faire un peu plus attention.

François Mitterrand, dont on ne compte plus les turpitudes qui vont bien au delà de la retraite à 60 ans et qui croyait aux forces de l'esprit, doit bien rire de ce nouveau siècle où tout est révêlé et plus rien n'est secret. Roland Dumas qui, s'il plait à Dieu, va bientôt le retrouver, doit aussi prendre du bon côté cette information remise au goût du jour d'un scandale politico-financier qui n'en finit pas de rebondir sans savoir où il va mais certain de ce qu'il vise. Le plus fort dans cette magnifique histoire c'est qu'au fond de lui-même, en prenant cette décision l'ancien Président du Conseil Constitutionnel dont on aimerait bien savoir s'il s'en ouvrit à son mentor, dû penser agir pour le bien commun, la santé de la démocratie et la continuité de l'Etat. Pour une fois que ses sentiments étaient pur et désintéressé.... 

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