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l'éternité plus un jour
24 mai 2014

Factures folles avant d'être fausses

Pour qui connait le fonctionnement clanique de Jean-François Copé, le limogeage programmé de Jérôme Lavrilleux et Eric Césari sonne comme un aveu de culpabilité, à tout le moins de faiblesse.

Etonnant comme dans ces affaires politico-financières, quand le scandale éclate, rien ne change vraiment. A chaque fois, tout commence par un déni furieux. Souvenons-nous de Jérôme Cahuzac ou d'Aquillino Morelle. Le déni ça commence a bien faire ! « Ceux qui ont fait des bêtises le paieront ! » Le temps jouant inexorablement pour l’investigation, les systèmes de défense offusqués, alimentés par le registre victimaire, s’effritent peu à peu. Le mensonge prend de l’épaisseur. L’osmose du clan se lézarde ; les responsabilités se diluent ; les fidélités s’émoussent ; la vérité éclate.

Si Jérôme Lavrilleux et Eric Césari, respectivement, directeur du cabinet et Directeur Général des services, quittent le navire encore à flot pour des cieux de haute protection, cela signifie clairement que le Président de l’UMP est clairement touché - « Copé et Lavrilleux ? Mais ils sont indissociables ! » - avant d’être coulé. Ecœurement et dégout à l’égard du chef d’un parti qui devrait challenger le pouvoir en place plutôt que de s’enfoncer dans des turpitudes délétères par le fait de quelques uns.

Mais Jean-François Copé a du ressort. Il a déjà montré qu’il ne s’embarrassait pas de rigueur morale dès lors que le pouvoir est à portée de main. Ne rien lâcher ; tout tenter. En cela, il lui reste deux cartes maitresses pour se maintenir et faire durer son ambition intacte. La première, c’est l’intérêt de tous ses adversaires en interne, ils sont nombreux, pour le statu quo. L’échéance européenne de ce jour a fait taire les mauvais esprits à l’exception de Lionel Tardy : « Copé n’a plus rien à faire à la tête de l’UMP. C’est une personne qui nous cause énormément de tort ». Mais le député de Haute-Savoie n’est pas candidat à la présidentielle de 2017. Pour la nouvelle vague qui s’y croit, c’est autre chose. Mieux vaut mesures ses paroles et envisager la primaire comme véritable juge de paix. D’ici là, « garder un cadavre à la tête du parti ça ne gênerait personne.» Dans cette course insensée à la primaire, Jean-François Copé neutralise les velléités, freine les ardeurs et contrarie les ambitions. C’est un modeste projet, mais c’est le sien. A ce compte-là, ses ennemis de l’intérieur vitupéreront, exigeront des explications et une clarification. Jean-François Copé en conviendra ; il inventera des justifications et tout le monde préférera en rester à ces illusions blafardes.

La seconde carte s’appelle Nicolas Sarkozy. Il est prêt à l'embarquer dans sa chute. Souvenons-nous du Sarkothon, un engouement fou pour sauver l’UMP de la faillite à cause de dépenses excessives de la campagne 2012 – Jérôme Lavrilleux en était l’un des principaux organisateurs -, ayant engendrées, par une décision contestable du Conseil Constitutionnel, l’invalidation des comptes du candidat. Sans légèreté ni remords, Jean-François Copé pourra bien dire qu’il n’a rien vu, rien su, rien connu des flux financiers exorbitants – « le vrai sujet de cette affaire, c’est le rapport entre ce qui relève des finances du parti et ce qui relève du financement de la campagne » dont l’UMP n’était qu’un intermédiaire futile entre le candidat et la société Bygmalion organisatrice de ses meetings.

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