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l'éternité plus un jour
8 janvier 2017

Revanche de plume, écrit de plomb

Il y a comme une grosse part d'indécence dans l'agitation médiatique qui entoure la sortie du livre d'Aquilino Morelle. L'ancien conseiller spécial du President de la République, deux ans durant, de mai 2012 à avril 2014 et considéré par lui-même (Aquilino Morelle, pas François Hollande) comme l'auteur du discours du Bourget, avait annoncé que sa rancune froide prendrait la forme d'un brûlot littéraire.

La sortie du livre d'Aquilino Morelle est doublement minable. Il est étonnant que son intelligence, ses convictions et son parcours élitaire ne l'aient pas aidé à comprendre qu'au delà de son propre désir narcissique, sa démarche était vaine pour torpiller la candidature de François Hollande et délétère face aux dérives populistes d'une République en souffrance.

Il aura mis du temps à ourdir sa vengeance et peaufiner son oeuvre. A tel point que la bombe annoncée à fait pschitt. Entre temps, François Hollande s'est totalement discrédité. Incapable en tout, il ne pourra pas se représenter. Le culbuto est définitivement à terre. Cette position le rend insensible aux petites trahisons étant entendu qu'on dit qu'il est dépourvu d'affect ce qui peut aider en certaines circonstances. Les coups bas et les trahisons marcescentes lâchés depuis le 1er décembre dernier n'ont plus d'effet sur lui.

François Hollande est faible, en tant qu'homme sans doute, en tant que Président de la République assurément. C'est un fait acquis ; une vérité éprouvée à l'épreuve d'un quinquennat dévastateur par l'indigence de l'hôte de l'Elysée en autorité tutélaire et visionnaire. C'est une réalité qui s'est révélée aux yeux des françaises et des français pris au piège de la détestation que leur inspirait son prédécesseur. On est tellement dans la vérité que le President est empêché de se représenter. Ce sera la traduction pathétique, et non pas lucide, de sa faiblesse. Dans sa descente piteuse aux abîmes, il abaisse un peu plus la fonction présidentielle, l'autorité qui s'y attache nécessairement et laisse dériver la démocratie d'opinion vers des pratiques équivoques. De fait, le livre d'Aquilino Morelle loupe sa cible. Son procès à charge du hollandisme tombe dans l'eau croupie de ressentiments mal maîtrisés. Ce qu'il peut écrire est littéralement devenu inutile. Il reviendra aux historiens de reprendre le sujet.

L'autre élément pitoyable de ce livre est dans son motif caché, dans ce qu'il ne dit pas mais dans ce pourquoi il a été imaginé, conçu et rédigé. Il a été ourdi dans la perspective de nuire. L'esprit de vengeance supplantait le désir d'expliquer ou de comprendre. La charge avait vocation à laver l'affront d'un congédiement subi par un homme perdu dans son égotisme et par le nombre de ses paires de chaussures. Le livre était une arme minutieusement préparée dans son lancement et sa date de parution pour donner la plus grande déflagration possible aux prémices de la supposée campagne du Président sortant. La connivence médiatique était établie, les bonnes feuilles ont été prévendues de longue date et les interviews distribuées bien avant les cadeaux de Noël.

Peine perdue! François Hollande n'aura pas à répondre à son ancien collaborateur. C'est en soi un soulagement à mettre à l'actif de sa renonciation. Quant aux français, déjà bien échaudés par l'exercice présidentiel des cinq dernières années, ont-ils encore envie de voir de l'intérieur l'introspection d'une défaillance douloureusement vécues de l'extérieur? Les plus curieux d'entre eux ont déjà été éclairés, voire écœuré, par la délirante confession de François Hollande recueillie par deux journalistes du Monde. Leur livre en dit certainement plus long que celui d'un collaborateur conseiller fut-il été logé dans l'antichambre du bureau présidentiel.

Cette affaire illustre à grand traits médiatiques les effets terribles sur nos institutions des effets de cours modernes qui affectent la fonction présidentielle. On est loin du respect d'un Alain Peyrefitte à l'égard de Charles de Gaulle ou même d'un Jacques Attali pour un François Mitterrand. Désormais le prestige de la fonction, le sens de l'Etat, la dimension supérieure de la Nation ne suscitent plus les mêmes vocations. Aquilino Morelle aujourd'hui, Patrick Buisson hier, et d'autres plumes avant eux, illustrent le dévoiement des lieux de pouvoir, les attitudes décomplexées de petits marquis perfides, gonflés d'orgueil, d'amoralité qui non seulement entendent "faire le pouvoir", mais veulent aussi que ça se sache, au mieux de leur intérêts, à grand renfort de trompe médiatique.

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